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arrondie à ses deux extrémités ; le noyau est très-petit, relativement au fruit, ordinairement très-renflé d’un côté & presque aplati de l’autre, tronqué à sa partie inférieure, renflé dans le milieu, & alongé & pointu dans la supérieure ; son bois est presque lisse, les sutures presqu’insensibles ; le fruit est porté par un court pédoncule. Les feuilles blanchâtres par-dessous, d’un vert foncé par-dessus, tombent & se renouvellent facilement ; elles sont épaisses, larges, nombreuses, terminées en pointes par les deux bouts. L’arbre aime à pousser des rameaux droits & en assez grand nombre. C’est l’olivier qui porte le plus d’ombre, & qui demande par conséquent à être le plus espacé dans un champ destiné à fournir du grain. Cet arbre craint le froid, charge bien, son fruit mûrit en deux temps ; souvent les premières olives sont tombées, lorsque les autres sont mûres ; heureusement que c’est la plus petite quantité qui tombe. Il convient d’abriter cet arbre contre les coups de vent, parce que le fruit se détache aisément de son pédoncule.

On connoît plusieurs variétés, ou sous-espèces de cet arbre, mais nous ne parlerons que des deux principales, au St.-Esprit. On appelle la première la morellette ou la more : son fruit est plus noir que celui de la précédente, & rougit moins en se desséchant ou en fermentant : il est de moitié plus petit, d’une forme ovoïde assez exacte, longuement pédunculé ; son noyau en forme de carène, sillonné, tronqué à sa base, pointu à son extrémité ; la suture longitudinale presqu’imperceptible. Cette espèce donne beaucoup de fruit, mais peu d’huile à cause de la grosseur du noyau ; l’huile est bonne, & l’arbre est peu multiplié dans le pays.

Dans les cantons où les moulins sont banaux, & où ils ne sont ouverts qu’à une époque fixe ou très-tard, c’est un abus de cultiver cet arbre, si on se pique de faire de bonne huile, parce que le moureau étant mûr le premier, les olives relient amoncelées jusqu’au jour où l’on doit presser, elles s’échauffent, mûrissent trop & ne donnent plus que de mauvaise huile : cependant c’est grand dommage.

Dans les environs de Montpellier on cultive une espèce d’olivier qui, je crois, peut être rapprochée du moureau ; on la nomme l’amende de Castres, dénomination tirée du village de Castries, près de cette ville, où cet arbre est commun ; le fruit est un peu plus gros que celui du moureau, & de même forme ; son noyau semblable à celui de la variété ci-dessus, mais pointu par ses deux extrémités ; les feuilles moins larges, moins longues que celles du moureau.

Il y a encore des moureaux de plusieurs espèces à gros fruits ; mais en vérité, je ne sais à quelle espèce les rapporter ; le plus ou moins de grosseur des fruits, de longueur & largeur des feuilles ne tiendroient-elles pas uniquement au climat & au sol ? Je le crois ainsi.

IX. Le Bouteillau, ou Boutiniane, ou Olivier à Fruit. Rassemblé en bouquets, ou la Ribière, ou Rapugete. Olea minor rotunda racemosa. Tourn. Garidel, dans son Histoire des plantes de Provence, dit : « j’ai cru pendant long-temps que c’étoit ici une espèce particulière, mais j’ai observé dans plusieurs oli-