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cela est vrai, mais je prie de comparer la longueur de la reprise des uns, & la promptitude de celle des autres. À quoi sert le reste d’une feuille qui est cylindrique, & creuse en dedans : il faut de toute nécessité qu’elle meure, & elle se fane en effet, tandis que l’autre subside. Les jeunes plants tenus dans l’eau, sont frais, les autres desséchés : l’humidité attachée aux racines des premiers, leur aide à faire prise aussitôt avec la terre, tandis que les chicots que l’on laisse aux autres, pourrissent ; & la plante doit pousser de nouvelles racines. Enfin, pour bien juger, comparez & suivez les deux méthodes.

Les oignons semés en janvier, février ou mars, sont bons à être replantés lorsqu’ils sont parvenus à la grosseur d’une petite plume à écrire ; ceux du mois d’août, & du commencement de septembre, sont en état d’être replantés à demeure à la fin de novembre ; pour ceux d’octobre, ils passent l’hiver dans la pépinière.

Aussitôt qu’on a replanté, on donne une forte irrigation si la terre le demande : elle est ordinairement inutile, lorsque l’on replante à la fin de novembre, mais nécessaire en mars & en avril.

Culture. Chaque pied est planté de huit à dix pouces l’un de l’autre, & d’un seul côte de l’ados ; l’autre côté sert à la culture des salades & autres plantes qui n’occupent le terrain que jusqu’au moment où l’oignon prend son grand accroissement. Sarcler les mauvaises herbes, serfouir l’ados de temps à autre, est tout ce que la plante demande. Cependant les bons jardiniers, après avoir travaillé la terre des ados & des sillons, l’aplanissent toute pour la relever ensuite, de manière que l’oignon qui se trouvoit d’un côté de l’ados, se trouve de l’autre : un semblable travail contribue singulièrement à sa grosseur, & à la beauté de la bulbe. On serfouit avant de donner l’eau.

On laisse quelques sillons garnis d’oignons pour la graine. Cette graine est souvent casuelle, & la qualité douteuse. Le propriétaire vigilant ne doit se fier qu’à celle qu’il a cueillie. Il faut près de douze mois, pour qu’une graine semée soit en état d’en produire de nouvelles. Si le propriétaire ne veut pas faire ce sacrifice, il vaudra mieux planter pour graine, des oignons germés, comme il est dit plus bas ; & la dernière méthode est souvent préférable : mais si on laisse ces oignons, il faut les replanter de nouveau, car ils sont alors presque hors de terre.

On reconnoît la maturité de la graine à l’ouverture des enveloppes qui la renferment. Alors on coupe la hampe ou tige à six ou huit pouces au-dessous de l’espèce de boule ou tête formée par les graines, & on les secoue sur un drap : c’est la meilleure graine, & celle que le propriétaire doit réserver pour lui ; ainsi que celle qui tombe après que ces têtes sont restées exposées au gros soleil pendant quelques heures. On rassemble ensuite ces têtes en paquets de cinq ou six, que l’on met en sautoir sur une corde, ou attachées avec une ficelle & un clou contre un mur, contre une porte, &c. ; mais toujours la tête en haut. Là, les graines achèvent de mûrir, & elles sont de qualité bien inférieure