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La chaleur du lieu ou de l’année fait un peu varier la durée de la couvée ainsi que celle de la ponte. L’oie pond 11 à 15 à 17 œufs, & couve de 17 à 30 jours ; 13 ou 15 œufs suffisent à une ponte ordinaire. Pourquoi dans tous les pays, le nombre impair est-il préféré ? je l’ignore.

Quelques auteurs conseillent, lorsque l’oie quitte son nid pour aller manger, de retourner ses œufs si elle ne l’a pas fait. Précaution superflue, l’instinct des animaux leur est plus utile & plus sûr que notre inquiète prévoyance.

Des œufs éclosent souvent un, deux & même trois jours avant les autres, il faut les tirer de dessous la mère ; parce que sentant sous elle de nouveaux-nés, elle abandonne souvent le reste de la ponte : après les avoir séparés, on les tient bien chaudement dans la laine, il n’est pas même nécessaire de se presser de leur donner à manger, il faut qu’ils digèrent la partie intérieure de l’œuf dont ils se sont nourris avant de sortir de la coquille. (Voyez le mot Œuf) Lorsque toute la couvée est sortie, on rend les premiers éclos à la mère.

Pour les nouveaux nés on prépare une nourriture faite avec de l’orge gruée, trempée dans du lait, ou avec du lait caillé ; le son peut la suppléer.

Si le soleil est chaud, on laissera sortir la mère avec ses petits pendant quelques heures seulement. Si le temps est froid, il faut les enfermer dans leur chambre. Les froids leur sont très-préjudiciables, sur-tout à ceux qui proviennent d’une ponte accélérée. L’ordre de la nature est que tout soit dans sa saison. Si nous dérangeons cet ordre admirable, il faut donc que des soins assidus réparent & obvient aux contre-temps ; c’est ainsi qu’on leur fait passer les quinze à dix-huit premiers jours : après cette époque, ils ne demandent aucun soin particulier, sinon de veiller à ce que la nourriture ni l’eau ne leur manquent pas.

On engraisse les oies à deux époques : ou lorsqu’elles sont encore oison, ou lorsqu’elles sont parvenues à leur grosseur, c’est-à-dire en automne : tout le travail consiste à leur donner une abondante nourriture, bien substancielle, & à ne pas leur laisser faire d’exercice. À ces deux époques, si le lait est abondant dans le pays, il sert de base aux pâtées ; on fait cuire & bouillir avec lui de l’avoine, de l’orge, du maïs surtout ; aucune substance ne les engraisse mieux & plus vite : la pomme de terre cuite & pétrie avec le lait, produit le même effet : afin que la digestion se fasse plus lentement & que la nourriture se change en graisse, on renferme les oies dans un lieu peu spacieux, tranquille, & où il y ait peu de jour ; l’eau blanchie par le lait, ou par l’eau de son, doit être leur seule boisson ; si le lait est trop cher, on le supplée par l’eau, & on augmente un peu la quantité du grain. Il faut que l’oie trouve sans cesse à manger, & on doit proportionner la masse qu’elle consomme à la durée de trois heures : en lui présentant ainsi, & à de petits intervalles, une nouvelle masse de nourriture fraîche, elle mange beaucoup plus, & engraisse plus vite : si dans le nombre des oies mises à l’engrais, on laisse des oies habituées à crier, on doit se hâter de les sé-