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Fig 3, Pl. IX, p. 395, Tome VI. Il reste seulement quelques détails à ajouter.

Si les rameaux du pied de l’œillet, que l’on désire marcotter, sont ou trop courts ou trop longs ; si dans le premier cas ils ne peuvent pas être couchés sans se rompre vers le point de leur insertion, & si dans le second ils excèdent trop le diamètre du pot, on garnit tout le tour avec une hausse ou cerceau en bois, ou en fer-blanc que l’on remplit de terre à mesure que l’on marcotte. Cette terre ne doit pas être de qualité inférieure à celle dont on s’est déjà servi, & elle doit ressembler à celle destinée au semis. Il convient de garantir les marcottes de l’ardeur du soleil & de la chaleur, de maintenir exactement la terre fraîche, sans trop d’humidité, & dès qu’on s’aperçoit que les feuilles commencent à pousser, ce qui annonce leur reprise, on les met à l’air libre.

Plusieurs fleuristes des provinces du nord, lèvent, en août, les marcottes, les plantent dans des pots de six pouces de largeur, pendant l’hiver les placent sous des châssis ; enfin, en mars ou en avril, ils les dépotent, & les plantent dans un pot de dix pouces de diamètre. L’expérience leur a, sans doute, démontré l’utilité de cette méthode ; mais cette précaution est-elle essentielle ? Je ne le crois pas. Dans les provinces du centre & du midi du royaume, les œillets plantés en pleine terre, y supportent, sans risque, l’âpreté des hivers : pourquoi donc ne pas laisser les marcottes replantées & enracinées dans leurs pots, & exposées à l’air. Si on craint que la gelée, en dilatant la terre, ne fasse fendre le pot il suffit de le coucher sur le côté, alors l’effort de la terre s’exécute en avant, & le pot n’est point endommagé. Cette méthode empêche encore que les pluies, trop fréquentes dans l’hiver, n’incommodent la plante. On peut encore enterrer les pots les uns à côté des autres, & les bien environner de terre ; enfin, si on le juge nécessaire, on les couvre de paille longue pendant la grande rigueur du froid. J’ai toujours vu que les œillets, renfermés dans les orangeries, pendant l’hiver, souffroient beaucoup, que la couleur de leurs feuilles étoit altérée, & qu’une très-grande partie périssoit par la moisissure.

Dans l’incertitude de la réussite des marcottes, il convient de conserver, au moins, deux pots de chaque espèce, & de transplanter le vieux pied dans une des plates-bandes du jardin, afin d’y avoir recours l’année d’après, si on a eu le malheur de perdre les marcottes.

Plusieurs fleuristes conservent exprès ces vieux pieds, & les placent dans des pots de douze à quinze pouces de diamètre, remplis de bonne terre, & même ils y réunissent deux pieds. Lorsqu’ils commencent à pousser leurs dards, ils ne suppriment que les plus foibles, les plus mal venans. Ils conservent six à huit tiges, & deux œillets sur chaque tige ; des baguettes ou des roseaux disposés en treillages, servent à attacher ces tiges, & cette tapisserie de fleurs produit un bel effet.

Certains auteurs, parlant des marcottes d’œillets, disent qu’il convient de faire l’entaille dans la partie du milieu, qui se trouve entre les