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qui trouveroit ici une liste de deux cents mots, n’en seroit pas plus avancé.

Seconde Espèce Naturelle, cultivée par les fleuristes. L’œillet des Chartreux, ou bouquet parfait, ou regardez-moi… Dianthus carthusianorum. Lin. Caryophillus silvestris vulgaris latifolius, Tourn. Il croît spontanément dans les endroits escarpés de l’Italie, de l’Allemagne, dans les provinces méridionales de France. Cette espèce diffère de la première par ses feuilles d’un vert plus foncé, plus larges, moins longues ; par sa tige moins haute ; elle excède rarement dans les jardins, la hauteur de douze à dix-huit pouces ; son sommet est composé d’un grand nombre de petites tiges qui se réunissent près les unes des autres ; chacune porte quatre ou cinq fleurs, & l’ensemble épanoui a la forme d’un parasol ; les écailles du calice sont ovales, barbues comme des épis, & elles sont presque aussi longues que le tube de la fleur.

Cette espèce prouve de quelle perfection sont susceptibles toutes les plantes auxquelles l’homme s’attachera avec opiniâtreté ; il faut avoir les yeux d’un botaniste exercé pour reconnoître dans les champs la plante première. On a eu raison d’appeler celle-ci bouquet parfait. Il est impossible à l’art de ranger avec autant d’adresse cette masse de fleurs ; elle figure admirablement dans les parterres, dans les plates-bandes où elle présente de belles touffes. On multiplie cette espèce en détachant, des tiges du pied principal, celles qui ont pris des racines en touchant la terre. Il vaut encore mieux les multiplier par semences, on les a plus belles.

Le bouquet parfait, à fleurs blanches, s’il est isolé, a l’air pauvre, comparé avec la richesse de couleur des autres pieds. Les couleurs principales sont le gris de lin, la couleur de chair, le cramoisi, le violet foncé, & presque toutes ont la nuance du velours, plusieurs sont piquetées. Par les semis, on a obtenu des fleurs doubles ; il faut nécessairement les multiplier par filleules.

Troisième Espèce Naturelle. L’œillet de Chine, ou mignonnette ; dianthus chinensis, originaire de Chine, naturalisée dans nos jardins où elle subsiste pendant deux ans. Les tiges maigres, fluettes, hautes tout au plus de neuf à douze pouces ; les feuilles courtes, d’un vert moins foncé que les précédentes, & plus que les premières ; fleurs solitaires dont les écailles du calice sont épaisses, & de la longueur du tube ; les pétales crénelés sur leurs bords. Cette fleur est charmante par son velouté & la beauté de ses couleurs. Si la plante est seule, elle produit peu d’effet dans les plates-bandes, dans les jardins ; il faut en réunir plusieurs ensemble. Les semis ont produit de jolies variétés à fleurs, doubles ou sémi-doubles.

Quatrième Espèce Naturelle. Œillet de plume, ou œillet à plume, ainsi nommé à cause de la multiplicité de ses pétales très-découpés, & dont les découpures imitent la barbe d’une plume. Les fleurs sont solitaires ; les écailles du calice presque ovales, très-courtes ; les pétales très-divisés, creusés en gouttière à leur base. Sur quelques individus, le bord du limbe de la fleur est légèrement coloré ; & sur d’autres, la partie qui répond au sommet des onglets, est marquée par une tache