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nomme dianthus. Tournefort le place dans la première section, de la huitième classe des herbes à fleurs en œillet dont le pistil devient le fruit, & il l’appelle caryophyllus.


CHAPITRE PREMIER.

Caractère du Genre.


L’œillet a un double calice ; celui qui touche à la tige est formé ordinairement par quatre petites écailles pointues. Elles emboîtent un second calice cinq à six fois plus long, fait en tube, quelquefois lisse, quelquefois cannelé, terminé à son sommet par quatre ou cinq dentelures aiguës.

Les pétales au nombre de cinq dans les œillets simples, sont portés par des onglets, & correspondent à la partie inférieure du calice. Ces onglets sont rarement colorés ; ils vont en s’élargissant de leur base à leur sommet ; & dès qu’ils sont parvenus à l’extrémité supérieure du grand calice, leur largeur augmente au point que les pétales se touchent malgré leur épanouissement. Alors ils se courbent horizontalement, & laissent voir à l’ouverture du calice dix étamines & les deux pistils qui les surmontent. Les deux pistils correspondent par leur base à une proéminence ou péricarpe placé au fond du calice. C’est une capsule cylindrique, ouverte, à une loge qui s’ouvre à son sommet par les quatre côtés, & qui renferme des semences aplaties, rondes & noires.


CHAPITRE II.

Des Espèces.


On doit les diviser en deux classes ; l’une comprend les espèces naturelles, & reconnues pour telles par les botanistes ; l’autre, les espèces dont l’art de la culture a enrichi nos parterres ; & ce sont des espèces jardinières. (Voyez ce mot)

Von-Linné compte dix-huit à dix-neuf espèces du premier ordre. Dans ce nombre sont comprises quelques espèces naturelles, cultivées par les fleuristes, telles que l’œillet des Chartreux, à plume, &c. dont il sera fait mention ci-après. Quant aux autres espèces qui croissent spontanément dans les champs, sur les montagnes, &c. & qui n’offrent aucune décoration pour les jardins, il n’en sera pas question ici ; leur description est du ressort d’un Dictionnaire de botanique, & non pas de celui-ci. Je ne parlerai donc que des espèces naturelles & jardinières qui servent à la décoration.

L’œillet à couronne, ainsi nommé, parce que l’arrangement de ses pétales semble former une couronne lorsque la fleur est double ; ou giroflée, à cause de son odeur agréable & forte qui approche de celle du girofle, ou à ratafia, parce que c’est avec ses fleurs que les confiseurs composent le ratafia de ce nom ; cet œillet, dis-je, me paroît être le type de toutes les espèces jardinières.

Cette espèce que je prends pour type, est à fleurs simples dans son origine, composées de cinq pétales, dentelées à leur extrémité ; les écailles inférieures qui embrassent le vrai