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lement modifiée dans le corps de cet insecte, qu’elle y devient aromatique & agréable.

Les odeurs produisent des sensations bien différentes : telle femme tombe en syncope, en sentant une rose ou une violette, & telle autre voudroit être couverte de ces fleurs. Sans chercher à rendre raison de ces phénomènes, on peut dire que ces fleurs, renfermées dans un appartement, en vicient l’air, le rendent méfitique, dangereux, & qu’il est très-imprudent de coucher dans une telle chambre. L’odeur des renoncules est des plus pernicieuses.


ŒCONOME, celui qui est chargé de régir, gouverner, administrer les biens d’un autre, dont il reçoit un salaire, & auquel il est comptable de son administration.

C’est un homme très-important : il tient, pour ainsi dire, dans ses mains, la ruine ou la fortune de son maître. Un grand Seigneur choisit un de ses anciens serviteurs ; le particulier cherche l’homme qui lui coûte le moins, & les uns & les autres manquent le but. Un bon économe doit être très-entendu dans la maçonnerie, dans la charpente ; la connoissance de chaque espèce de bétail lui est nécessaire ; il faut que tous les genres de culture lui soient connus, qu’il s’entende parfaitement aux achats & aux ventes ; en un mot, qu’il soit universel dans sa partie. C’est à lui à surveiller les fermiers, afin de prévenir leurs gaspillages, leurs déprédations, les maîtres-valets, les valets ; à savoir ordonner & se faire obéir ; enfin, c’est l’ame de la régie. Un bon économe est un homme précieux & très-rare. Si l’intérêt seul le guide, tout ira mal ; s’il est vraiment attaché à son maître, mais qu’avec cette excellente qualité, il manque de lumières, c’est n’avoir qu’un soliveau. Avant de prendre un économe à son service, les informations même les plus minutieuses sont indispensables. Si on est content de la régie, multipliez les gratifications ; elles ne sont qu’une avance faite par le maître, la vigilance de l’économe en décuplera bientôt la valeur.


ODONTALGIE. Médecine rurale. C’est ainsi qu’on appelle la douleur des dents, maladie très-ordinaire, & le plus souvent accompagnée des plus vives douleurs ; ceux qui en sont attaqués, sont quelquefois tourmentés par la fièvre ; leur visage est très-monté en couleur ; la joue qui répond au siége du mal est très-tendue, les malades y ressentent un battement & une sorte de frémissement. L’inflammation & la douleur ne se bornent pas toujours aux gencives, elles embrassent quelquefois toute la capacité de l’oreille, tant en dedans qu’en dehors, s’étendent même jusqu’au cerveau, & excitent le délire.

L’odontalgie a pour cause immédiate la carie, qui mettant le nerf de la dent à découvert, laisse ce nerf exposé à l’action des causes externes ; mais les causes éloignées n’en sont pas moins énergiques ; elles sont assez nombreuses, & se joignent quelquefois à la carie ; c’est alors que la douleur est des plus vives. On a vu dans cet état des gens attenter à leur vie pour s’en délivrer.

Elle peut être aussi occasionnée par la suppression de la transpiration, par celle des règles, du flux hémor-