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colonne Grenville, vous apercevez, sur un monticule, & dans une heureuse situation, le temple de l’ancienne Vertu 54. C’est une très-jolie rotonde qui n’est pas ouverte de toutes parts, comme celle de Vénus, mais seulement entourrée d’un péristyle composé de seize colonnes d’ordre ionique. On y entre par deux portes tournées au midi & au levant, à chacune desquelles on arrive par un escalier de douze marches. On lit au-dessus de chaque porte : prisca virtuti. L’intérieur du dôme est fort bien sculpté, & les murs sont décorés de quatre niches, où sont placées les statues un peu gigantesques d’Homère, de Lycurgue, de Socrates & d’Épaminondas, au-dessous desquelles sont gravées des inscriptions.

Chaque ouverture de péristyle entre les colonnes, présente quelques points de vue agréables. De la porte du levant, on voit la colonne de Grenville, le temple des fameux Bretons, le pont de Pembroke & la rivière. De la porte du midi on découvre les colonnes du roi George & de la reine Caroline, & le château antique.

À côté de ce temple est celui de la moderne vertu qui n’est qu’un monceau de ruines, avec une arcade & une statue brisée, le tout couvert de ronces & de lierre.

Marchez le long du bosquet à droite, vous trouvez une route tortueuse & ornée, qui vous mène à une arcade 55, d’ordre dorique, érigée en l’honneur de la princesse Amélie, tante du roi. Ce monument est sur le sommet du vallon des champs élisées, presque sur le bord de la grande prairie d’avenue, & au milieu d’un joli bosquet. Une clarière étroite qui s’ouvre dans les bois, laisse voir sur la même ligne, mais fort éloignés l’un de l’autre, le pont de Palladio & le château gothique ; le ceintre de l’arcade, orné d’hexagones remplis par une belle fleur finement sculptée, est supporté par des pilastres cannelés ; on lit sur l’attique du côté de l’avenue : Amelia Sophia aug., & du côté du vallon on voit son médaillon avec cette exergue, prise d’Homère : O colenda semper & culta !

Aux deux côtés de cette arcade sont placées en demi-cercle les statues d’Appollon & des neuf Muses, qui ouvrent de ce côté là la scène des champs élisées.

Entre l’arcade & l’avenue, on admire un beau grouppe de gladiateurs entrelacés & renversés l’un sur l’autre. Le reste des massifs ou bosquets vient se terminer près de la grande pièce d’eau 7, où des sentiers tortueux conduisent à une cabane 56, entièrement cachée par des arbres.

En descendant de l’arcade d’Amélie & du temple des Vertus, on se promène sur un charmant tapis verd 57, parsemé de quelques arbres, & qui présente une pente douce jusqu’à la pièce d’eau ; il est toujours couvert de troupeaux, & dès le commencement du printemps les rossignols & les autres oiseaux y font entendre leurs ramages. Assis sous un orme antique & touffu qui répand au loin son ombre sur le tapis verd, & au pied duquel on a placé un banc des plus simples, vous voyez devant vous la pièce d’eau 50, & au-delà, cette suite des grands hommes d’Angleterre, environnés de lauriers & de myrrhes, qui se réfléchissent dans l’eau. Quoique cette perspective soit véritablement élyséenne à beaucoup d’égards, elle seroit encore plus