Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

réservoir plein d’eau courante, destinée aux bains, & il n’est orné que de quelques médaillons où sont des têtes d’Empereurs Romains.

Entre les deux rotondes, commence la première pièce d’eau, appellée la rivière des aulnes 47 parce que cette espèce d’arbre abonde sur ses bords : elle contient une petite isle remplie d’arbrisseaux. Les eaux se dégorgent dans la seconde pièce d’eau sous un pont de rocailles 48, couvert de lierre & d’autres plantes rampantes, & forment plusieurs jolies cascades. Sur le bord de cette pièce d’eau, à côté du pont, étoit autrefois un petit pavillon chinois.

En partant du pont de rocailles, suivez le bord du canal à gauche, vous trouverez une espèce de petit amphithéâtre de gazon, couronné par le temple des illustres Bretons 49, ou des hommes les plus célèbres d’Angleterre ; c’est une suite, à peu près demi-circulaire de seize niches, dans chacune desquelles a été placé le buste de quelque Anglois fameux ; le milieu de la courbe est orné d’une pyramide remplie par un fort beau buste de Mercure, au-dessus duquel est cet hémistiche de Virgile : campos ducit ad Elysios ; & plus bas une plaque de marbre noir, où sont gravés ces vers de Virgile : hìc manus ob patriam, &c. Les illustres Anglois ici représentés sont… Alexandre Pope… Thomas Gresham… Ignace Jones… Jean Milton… Guillaume Shakespear… Jean Locke… Isaac Newton… François Bacon… Le roi Alfred… Edouard, prince de Galles… La reine Elisabeth… Le roi Guillaume III… Walter Raleigh… François Drake… Jean Hampden… Jean Barnard… Cette suite de niches est terminée en-bas par trois grandes marches, & s’enfonce dans un boccage de lauriers, dont les branches, tombant naturellement sur les frontons, forment une couronne à chaque buste. Le terrein compris entre le bâtiment & les eaux forme une pente douce, de la largeur de deux à trois toises, & couverte de gazon.

Le temple des illustres Bretons est l’objet le plus intéressant des champs élisées. On appelle ainsi tout le vallon compris entre la grande avenue 5, 6, & la pelouse triangulaire 32, & dont le fond est rempli par les trois pièces d’eau 47, 50, 51 ; mais la scène, divisée par la pièce d’eau du milieu, a reçu plus particulièrement le nom de champs élisées. Pour achever de les parcourir, revenez sur vos pas, & traversez le pont de rocailles 48, ensuite montez à droite, & percez quelques grouppes d’arbres verds fort touffus, vous verrez une église paroissiale 52, entourrée d’un cimetière, terminé par un mur, & rempli d’épitaphes ; cette église, quoique tout-à-fait cachée par des bois, n’est pas un objet digne des champs élisées, & des jardins charmans paroissent peu faits pour renfermer un cimetière.

Vous quittez bien vite ce triste séjour pour examiner un monument plus digne de votre attention, & qui s’offre à vos yeux en sortant du cimetière ; c’est une colonne rostrale 53, en l’honneur du capitaine Grenville ; sur le sommet est une statue qui représente la poésie héroïque, tenant un rouleau déployé où sont ces mots : non nisi grandia canto ; sur la plinthe & sur le piédestal sont gravées plusieurs inscriptions.

À quinze ou seize toises de la