ville, voilà le jardin, le parc, rendu à la nature par les soins de M. Gerardin, son propriétaire & son compositeur ; là, une étude de quelques jours vous instruira plus que les livres, parce que tout y est saillant & démontré par l’exemple. La science, les beaux, profonds & métaphysiques raisonnemens sur les sites, les eaux, les rochers, les bois, &c. sont plus qu’inutiles, si le goût manque, si l’homme qui étudie n’a pas en lui une propension décidée pour le beau naturel, qu’on appelle goût, enfin s’il ne sait pas voir la nature.
Je n’entreprendrai pas de tracer ici les préceptes répandus dans les ouvrages déjà cités, la forme de ce cours d’agriculture, ses bornes & son but ne le permettent pas, mais la description des jardins de Stowe, & la gravure qui l’accompagne, suffiront pour donner une idée de ce qui mérite le nom de jardin naturel. Il en existe aujourd’hui de plus parfaits en Angleterre, mais je n’en ai pas la représentation ni celle du parc d’Ermenonville en France.
Stowe est à soixante milles de Londres, & à un mille & demi de la ville de Buckingham, il appartient à Richard Grenville, lord Temple & baron de Cobham ; le terrein compris dans l’enceinte des jardins est d’environ quatre cents arpens.
Le château 1 (Voyez Planche 2) est situé sur le sommet applati d’une colline plus élevée que toutes celles des environs ; La perspective qui s’offre de la grande porte d’entrée 2, & sous la colonnade qui orne le centre de la façade méridionale, est une des plus belles de stowe. Vous plongez de tous côtés sur les jardins, & vous découvrez l’immense prairie 3, & la belle porte qui est au-delà du parc, vers Buckingham, avec un lointain qui est une partie du Buckinghamshire. De-là vous descendez sur la terrasse 4, dont la longueur égale celle de la façade du château ; elle est couverte de gravier très-fin, & domine une vaste pièce de gazon 5, qui, en se rétrécissant, forme une large avenue 6 bien alignée & bien unie jusqu’à une grande pièce d’eau 7, très irrégulière, où deux rivières viennent se réunir en serpentant. Cette pièce étoit autrefois un grand bassin exagone, au milieu duquel s’élevoit un obélisque qui a été transporté dans le parc. Cette avenue & la pièce de gason forment un des plus beaux tapis verd animé par toutes sortes de troupeaux ; il présente une pente douce depuis la terrasse jusqu’à la pièce d’eau ; aux deux bouts de la terrasse sont deux jardins potagers 8, 9, entièrement environnés de bois.
En tournant à droite, vous trouvez l’orangerie 10, qui fait partie de l’aile gauche, & a plus de vingt pieds de longueur. Outre les orangers, il y a des serres pour les plantes étrangères ; le devant de l’orangerie est orné d’un joli parterre 11.
De ce même côté, à l’extrémité du fossé d’enceinte, est le sallon de Nelson 12, portique quarré, dont le plafond & les murs sont ornés de peintures à fresque, médiocres & gâtées, avec des inscriptions latines, une sur l’arc de Constantin à sa louange, & à gauche, une sur la nomination de Marc-Auréle à l’empire du monde. Deux colonnes & deux pilastres ornent la façade de ce sallon. De chaque côte, & à peu de distance, sont deux grands vases de