les tient également de la jument sa mère ; la grandeur & la grosseur du corps, paroissent donc dépendre plus de la mère que du père, dans les espèces mélangées. Maintenant, si nous considérons la forme du corps, ces deux animaux, pris ensemble, paraissent être d’une figure différente ; le bardeau a l’encolure plus mince, le dos plus tranchant, en forme de dos de carpe, la croupe plus pointue & avalée, au lieu que le mulet a l’avant-main mieux fait, l’encolure plus belle & plus fournie, les côtes plus arrondies, la croupe plus pleine, & la hanche plus unie. Tous deux tiennent donc plus de la mère que du père, non-seulement pour la grandeur, mais aussi pour la forme du corps. Néanmoins, il n’en est pas de même de la tête, des membres & des autres extrémités du corps. La tête du bardeau est plus longue, & n’est pas si grosse à proportion que celle de l’âne ; & celle du mulet est plus courte & plus grosse que celle du cheval. Il tiennent donc pour la forme & les dimensions de la tête, plus du père que de la mère. La queue du bardeau est garnie de crins, à-peu près comme celle du cheval : la queue du mulet est presque nue, comme celle de l’âne ; ils ressemblent donc à leur père par cette extrémité du corps. Les oreilles du mulet sont plus longues que celles du cheval, & les oreilles du bardeau sont plus courtes que celles de l’âne ; les autres extrémités du corps appartiennent donc aussi plus au père qu’à la mère : il en est de même de la forme des jambes, le mulet les a sèches comme l’âne ; & le bardeau les a plus fournies : tous deux ressemblent donc par la tête, par les membres, & par les autres extrémités du corps, beaucoup plus à leur père qu’à leur mère.
CHAPITRE II.
Des moyens pour avoir de beaux & bons mulets.
Pour avoir des mulets pour la parade & pour voyager, on se sert des ânes, les plus gros & les mieux corsés qu’on peur trouver, & on leur fait sauter des jumens espagnoles. Ces animaux ainsi accouplés, produisent des mulets superbes, d’une couleur qui tire ordinairement vers le noir. On en fait venir encore de plus forts, en leur faisant sauter des jumens flamandes ; cette espèce est ordinairement aussi vigoureuse que les plus forts chevaux de carosse ; ils résistent même à des travaux plus rudes, sont nourris à moins de frais, & sont exposés à moins de maladies.
CHAPITRE III.
Des soins qu’il faut avoir pour se procurer de bons mulets, relativement à l’usage auquel on les destine.
Les mulets servent à la selle, à la charrette ou à la charrue ; leur pas est doux & aisé, & leur trot n’est pas si fatiguant que celui du cheval. En général, avant que de faire propager ces animaux, il faut savoir quel service on prétend en tirer ; on choisit en conséquence ses jumens ; car il est de fait, que le mulet tient plus de la mère que du père ; si les mulets, donc, sont destinés à la selle, il faut choisir une jument alongée & légère, tandis que l’on doit choisir les jumens les plus fortes &, les plus