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prochent leurs jambes plus près les unes des autres qu’à l’ordinaire, pour empêcher que le froid ne gagne les aines & les aisselles où il n’y a ni laine, ni poil ; mais dès que l’animal prend du mouvement ou qu’il mange, il se réchauffe, & le tremblement cesse.

Dans un troupeau logé en plein air, s’il y a des agneaux foibles & languissans, s’il y a des moutons malades, & si l’on voit que les injures de l’air augmentent leur mal, il faut les mettre à couvert de la pluie & à l’abri des mauvais vents, dans quelque coin d’appentis, d’écurie, ou de quel qu’autre bâtiment, jusqu’à ce qu’ils soient fortifiés ou guéris.

§. V. Si les fumiers d’un parc domestique sont aussi bons que ceux d’une étable.

Les fumiers qui se sont en plein air ne sont pas sujets comme ceux des étables, à se trop échauffer, à blanchir & à perdre de leur force ; parce que les brouillards, la neige & les pluies les humectent, & en font un engrais meilleur que les fumiers qui ont été pendant long-temps à couvert.

Tant qu’il y a du fumier dans le parc domestique, il faut nécessairement de la litière pour empêcher les moutons de salir leur laine & d’être dans la boue ; mais si l’on n’avoit plus de litière à leur donner, il faudroit mettre le fumier hors du parc, ensuite le balayer tous les matins & enlever les ordures. On a fait cette épreuve pendant plusieurs années sur un troupeau qui s’est bien passé de litière ; mais dans ce cas, il faut sabler le parc, si le terrein n’est pas solide, & lui donner beaucoup de pente pour l’écoulement des eaux. On ne s’est pas apperçu que les eaux des pluies qui cavent le fumier d’un parc domestique, & qui s’écoulent en dehors, aient dégraissé le fumier & en aient diminué la force ; il a fait autant & plus d’effet sur les terres que celui des étables ; mais pour ne rien perdre, il faut tâcher de conduire l’égoût du parc sur un terrein en culture, ou dans une fosse dont on retire l’engrais qui s’y est amassé.


CHAPITRE X.

De la tonte des bêtes à laine.


§. I. Du temps ou il faut tondre les moutons. Des inconvéniens qu’il y a à tondre trop tôt, ou trop tard. Des mauvais effets du retard de la tonte.

Tous les ans, vers le mois de mai, il sort une nouvelle laine de la peau des moutons ; en écartant les mèches de la laine, on apperçoit la pointe de la nouvelle, lorsqu’elle commence à pousser : c’est alors le temps de la tonte.

Si l’on tondoit plutôt, la laine ne seroit pas à son vrai point de maturité ; elle n’auroit pas toutes les qualités qu’elle peut acquérir jusqu’au terme naturel de son accroissement ; les moutons étant dépouillés trop tôt dans les pays froids, souffriroient des injures de l’air.

Plus on retarde la tonte, plus il se perd de laine. Lorsque la nouvelle laine commence à paroître, l’ancienne se déracine aisément ; le moindre effort suffit pour l’arracher.