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temps qu’elles passent sur différentes pièces de terre, qu’on veut rendre plus fertiles par l’urine & la fiente que ces animaux y répandent.

On fait parquer les bêtes à laine, en les enfermant dans une enceinte, qui est formée par des claies, & que l’on appelle un parc. Cette enceinte retient ces animaux dans l’espace de terre qu’elles peuvent fertiliser pendant un certain temps, & arrête les loups. Le berger est couché près du parc, dans une cabane, pour le garder ; le chien est aussi autour du parc pour donner la chasse aux loups.

§. II. Comment les claies d’un parc doivent être faites. Manière de les dresser pour former un parc. De l’étendue d’un parc.

On donne aux claies quatre pieds & demi ou cinq pieds de hauteur ; & sept, huit, neuf ou dix pieds de longueur, si elles ne deviennent pas trop pesantes ; car il faut que le berger puisse les transporter aisément. Elles sont composées de baguettes de coudrier, ou d’autre bois léger & flexible, entrelacées entre des montans un peu plus gros que les baguettes. On fait aussi des claies avec des voliges assemblées, ou simplement clouées sur des montans. On laisse dans les claies de coudrier trois ouvertures d’un demi-pied de hauteur & de largeur, placées toutes les trois à la hauteur de quatre pieds ; il y en a une à chaque bout, & une dans le milieu ; celles des bouts sont appelées les voies.

Pour former un parc, on dresse ces claies les unes au bout des autres sur quatre lignes, pour former un quarré, & on les soutient par le moyen des crosses, qui sont des bâtons courbés par l’un des bouts. Les claies anticipent un peu l’une derrière l’autre, de façon que les deux voies se rencontrent ; on y passe le bout de la crosse. Il est percé de deux trous, dans lesquels on met deux chevilles, l’une derrière les montans des claies, & l’autre devant ; ensuite on abbaisse contre terre l’autre bout de la crosse, qui est courbe & percée d’une entaille, dans laquelle on met une clef, que l’on enfonce en terre à coups de maillet. (V. la Pl. XII. de l’Instruction pour les bergers & pour les propriétaires de troupeaux, par M. Daubenton, fig. III. IV. V. VI. VII.) Il ne faut point de crosses aux coins du parc, il suffit de lier ensemble les deux montans qui se touchent, avec un cordeau passé dans les voies.

L’étendue d’un parc doit être proportionnée au nombre des moutons que l’on veut y mettre, parce qu’il faut que le troupeau répande assez de fiente & d’urine, pour fertiliser l’espace de terre renfermé dans le parc. Chaque mouton peut fournir d’une étendue d’environ dix pieds quarrés ; par conséquent si les claies ont dix pieds de longueur, il faut douze claies pour un parc de quatre-vingt-dix moutons ; dix-huit pour deux cents ; vingt-deux pour trois cents. Si les claies n’ont que neuf pieds, il faut deux claies de plus pour chacun de ces parcs ; quatre claies de plus, si elles n’ont que huit pieds, & six de plus, si leur longueur n’est que de sept pieds. Il faut pour un parc de cinquante bêtes, douze claies de sept ou huit pieds chacune, ou dix claies de neuf ou dix pieds de longueur, &c. Ces comptes ne peuvent pas être bien justes, c’est pourquoi l’on