Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/759

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans des sillons humides, & celles qui sont à l’ombre des bois ; les herbes qui sont dans leur plus grande vigueur ou chargées de rosée, ou de l’eau des pluies froides.

Les herbes font du mal aux moutons, lorsqu’étant en trop grande quantité dans la panse, elles la font enfler au point de rendre l’animal plus gros qu’il ne devroit être, & lui donnent le mal qu’il faut appeler colique de panse ; on le nomme ordinairement écouflure, enflure, enflure des vents, fourbure, gonflement de ventre, &c. (Voyez tous ces mots) alors il reste debout sans manger, il souffre, il s’agite, sa respiration est gênée, il bat des flancs ; lorsqu’on frappe le ventre avec la main, il sonne sans que l’on entende aucun mouvement d’eau ; ensuite les animaux attaqués de ce mal tombent & meurent suffoqués, quelquefois en grand nombre.

Il est aisé de prévenir ce mal en attendant qu’il n’y ait plus de rosée ni de gelée blanche sur les herbes, avant de faire paître les moutons. Il ne faut pas les conduire le matin, lorsqu’ils sont affamés, dans des herbages abondans & succulent ; au contraire, il faut laisser passer leur grosse faim dans des pâturages maigres, les mener ensuite dans de plus gras, & ne pas les y laisser assez longtemps pour qu’ils y prennent trop de nourriture. Il ne faut pas non plus faire boire les moutons après qu’ils ont mangé des pois, des fèves, ou d’autres légumes farineux.

Quant aux remèdes que le berger doit mettre en usage, lorsqu’il voit enfler les moutons par la colique de panse, Voyez Bouffissure, Météorisme, Panse, (colique de)

§. VI. Pourquoi faut-il conduire lentement un troupeau, & sur-tout lorsqu’il monte des collines ?

Si le berger conduit son troupeau trop vite, sur-tout en montant des collines, il risque d’échauffer plusieurs de ses moutons au point de les rendre malades, & même de les faire périr ; il faut empêcher qu’aucune bête ne s’écarte du troupeau en allant trop en avant, en restant en arrière, ou en s’éloignant à droite ou à gauche.

Le berger peut faire tout cela à l’aide de son fouet, de sa houlette & de ses chiens. Lorsqu’il fait marcher le troupeau devant lui, il chasse avec le fouet les bêtes qui restent en arrière ; le chien est en avant du troupeau, & retient les bêtes qui vont trop vite ; le berger menace avec la houlette celles qui s’éloignent à droite ou à gauche pour les faire revenir au troupeau, ou s’il a un chien derrière lui, il l’envoie aux bêtes qui s’écartent pour les ramener, ou il les fait retourner en jetant vers elles un peu de terre, mais il ne faut jamais leur rien jeter directement. Lorsqu’il veut arrêter son troupeau, s’il est derrière ce même troupeau, il commence par s’arrêter lui-même, en même-temps il parle au chien qui est au-devant du troupeau, pour que ce chien s’arrête, & empêche les premières bêtes d’avancer. S’agit-il de remettre le troupeau en marche, il parle au chien qui est au-devant du troupeau pour le faire avancer, & ensuite il chasse devant lui les dernières bêtes. Le berger peut aussi faire aller son troupeau en avant, ou le faire revenir, en parlant sur différens