Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/749

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

beron, & boire dans un vase. On commence par faire boire du lait aux agneaux quatre fois par jour, ensuite trois fois, & enfin deux fois, jusqu’à ce qu’ils soient assez forts pour manger de l’herbe. Si l’on n’avoit point de lait, ou si on vouloit l’épargner, on pourroit leur donner de l’eau tiède, mêlée de farine d’orge ; mais cette boisson est moins nourrissante que le lait.

§. VIII. Que faut-il faire lorsqu’on s’aperçoit qu’un agneau est triste, foible, ou maigre, ou engourdi par le froid ?

Lorsqu’un agneau est triste, foible ou maigre, le berger doit observer si la mère est en bonne santé, si son lait est bon, si l’agneau la tette, ou si quelqu’autre agneau lui dérobe son lait. Il y a des agneaux gourmands qui tettent plusieurs mères les unes après les autres, ce qui prive les autres agneaux de la nourriture de leur mère ; il faut veiller soigneusement à ce que tous les agneaux, principalement les plus foibles, tettent leurs mères, & à ce qu’ils aient de bon lait & en suffisante quantité. La plupart des agneaux qui périssent, meurent de faim, ou n’ont eu que de mauvais lait.

Si un agneau a beaucoup souffert du froid, il faut le réchauffer en l’enveloppant de linges chauds, en le couchant auprès d’un feu doux, & en le disposant de manière que la tête soit à l’ombre du corps. En Angleterre, on met ces agneaux refroidis dans une meule de foin, ou dans un four chauffé seulement avec de la paille ; on en a sauvé de cette manière qui avoient tant souffert du froid, qu’ils donnoient à peine quelques signes de vie. On fait prendre à l’agneau une petite cuillerée de lait tiède, ou, s’il est nécessaire, une cuillerée de bierre ou de vin, mêlés d’eau : on le nourrit au coin du feu pendant quelques jours s’il est foible, ensuite on le met avec sa mère, jusqu’à ce qu’il soit rétabli, dans un lieu couvert & même fermé.

§. IX. Que faut-il faire des agneaux qui ne viennent qu’à la fin d’avril ou en mai ?

On ne doit point garder ces agneaux pour les troupeaux, parce qu’ils sont foibles & petits. On les engraisse pour les manger. Il est facile de les engraisser, parce qu’ils naissent dans une saison où il y a déjà de l’herbe. Ces agneaux sont les premiers des jeunes brebis, ou les derniers qui viennent des vieilles. Nous leur donnons le nom de tardons, parce qu’ils sont venus trop tard ; on les appelle en Angleterre, agneaux-coucous, parce qu’ils naissent dans la saison où cet oiseau chante.

§. X. Manière d’engraisser les agneaux.

On garde les agneaux à la bergerie où ils tettent les mères, soir & matin, & pendant la nuit. Dans le jour, tandis que leurs mères sont aux champs, on leur fait tetter des marâtres, c’est-à-dire, des brebis qui ont perdu leurs agneaux. On donne de la litière fraîche, une ou deux