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de pâture, & lorsque les brebis ne sont pas pleines & n’allaitent pas leurs agneaux. D’après ces considérations, il faut prendre le temps le plus favorable, par rapport à la longueur de la route & au pays que les moutons doivent traverser.

Il faut encore les mener doucement, sans les échauffer ni les fatiguer. On doit les faire reposer à l’ombre dans le milieu du jour, lorsqu’il fait chaud ; il faut les laisser paître chemin faisant. Quand ces animaux sont arrivés au gîte, on leur donne du fourrage, s’ils n’ont pas le ventre assez rempli, & de l’avoine pour les fortifier : ils peuvent faire quatre, cinq ou six lieues moyennes chaque jour ; mais lorsqu’ils paraissent fatigués, il est nécessaire de les faire séjourner pour qu’ils se reposent. Si, dans les lieux où l’on s’arrête, il n’y a point de râteliers, on attache plusieurs bottes de fourrage à une corde par un nœud coulant, & on les suspend à la hauteur des moutons. Ils se placent autour du fourrage : à mesure qu’ils en mangent, le nœud se serre, & empêche que le reste du foin ne tombe.

Quant aux précautions à prendre, lorsque les bêtes à laine sont arrivées dans un pays nouveau pour elles, elles se réduisent à peu de chose, si ces animaux ne viennent pas de loin ; mais si on les a tirées d’un pays éloigné, on doit s’informer de la manière dont elles y étoient nourries & conduites au pâturage ; il faut tâcher de les gouverner de la même manière, & de leur donner les mêmes nourritures ; si l’on est obligé à quelque changement, on ne le fera que peu à peu, & avec prudence.

CHAPITRE III.

De la génération.

§. I. Des précautions qu’il faut prendre pour l’accouplement des bêtes à laine.

On doit faire un bon choix des béliers & des brebis pour améliorer les races, ou pour les empêcher de dégénérer ; il faut sur-tout ne prendre, pour l’accouplement, que des bêtes en bonne santé & en bon âge ; si l’on s’aperçoit que quelques brebis refusent le mâle, on peut leur donner quelques poignées d’avoine ou de chenevis, ou une provende composée d’un oignon ou de deux gousses d’ail, coupés en petits morceaux, & mêlés avec deux poignées de son & une demi-once de sel, qui fait deux pincées ; il faut traiter de même les béliers, lorsqu’ils ne sont pas assez ardens.

§. II. Des soins qu’il faut avoir des brebis après l’accouplement. Moyens pour prévenir les accident qui causent l’avortement.

Il s’agit de préserver les brebis de tout ce qui peut faire mourir l’agneau dans le ventre de la mère, ou la faire avorter ; la mauvaise nourriture, la fatigue, les sauts, la compression du ventre, la trop grande chaleur, la frayeur peuvent causer ces accidens, qui ne sont que trop fréquens. (Voyez Avortement)

On ne peut pas, à la vérité, prévenir la frayeur que cause un coup de tonnerre, ou l’approche d’un loup ;