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mal aux autres bêtes du troupeau, sur-tout aux brebis pleines. D’ailleurs, les agneaux qu’ils produisent ont la tête moins grosse que ceux qui viennent des béliers cornus, & fatiguent moins la mère lorsqu’elle met bas. Mais dans les pays où l’on enferme les moutons par des clôtures de haies, on préfère ceux qui ont des cornes, parce qu’elles les empêchent de passer à travers les haies, & de perdre de leur laine en les traversant.

Les béliers sont en état de produire des agneaux depuis l’âge de dix-huit mois jusqu’à sept ou huit ans ; c’est à trois ans qu’ils sont le plus vigoureux. Lorsqu’on fait accoupler des béliers de dix-huit mois ou deux ans, il faut choisir les plus forts. Dès l’âge de six mois ils pourroient saillir les brebis ; mais n’ayant pas encore pris assez d’accroissement, ils ne produiroient que de foibles agneaux : passé huit ans ils sont trop vieux.

Il faut donner plus de brebis aux béliers jeunes & vigoureux, qu’à ceux qui sont vieux & foibles. Un bon bélier peut servir cinquante ou soixante brebis ; mais pour conserver un bélier sans l’affoiblir, & pour avoir de forts agneaux qui ne dégénèrent pas de l’espèce du bélier, il ne lui faut donner que douze à quinze brebis. Il faut au surplus que le bélier soit de bonne taille, bien sain & couvert de bonne laine.

§. IV. À quel âge doit-on faire saillir les brebis ? Sont-elles susceptibles de transmettre leurs vices aux agneaux ? Moyens de les prévenir.

Il faut faire saillir les brebis depuis l’âge de dix-huit mois jusqu’à huit ans. Dès l’âge de six mois elles donnent des signes de chaleur, & elles peuvent recevoir le mâle ; mais elles sont trop jeunes pour produire de bons agneaux, & passé huit ans, elles sont trop vieilles : cependant on en voit qui font de bons agneaux dans un âge plus avancé. Les brebis sont dans leur plus grande force à quatre ans. Le meilleur est de ne commencer qu’à trois ans à les faire couvrir.

Les défauts & les vices que les brebis peuvent communiquer à leurs agneaux, sont ceux de leur taille de leur laine, & de plusieurs maladies. L’agneau participe aux mauvaises qualités de la brebis & du bélier dont il vient. Il faut choisir, pour l’accouplement, les bêtes blanches, ou celles qui n’ont que la face & les pieds tachés.

Pour relever la taille des bêtes à laine, il faut choisir les brebis les plus grandes du troupeau, & leur donner des béliers qui soient encore plus grands qu’elles. Dès la première, génération les agneaux deviendront plus grands que les mères, presqu’aussi grands que les pères, & quelquefois plus grands. (Voyez ce qui est dit au mot Laine.)

§. V. Comment peut-on améliorer les laines ?

Il y a deux sortes d’amélioration pour les laines : on peut les rendre plus longues ou plus fines.

On les rend plus longues, en choisissant dans le troupeau les brebis qui ont la plus longue laine, & les faisant accoupler avec des béliers qui ont la laine encore plus lon-