Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/739

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



CHAPITRE II.

Des Alliances des Bêtes à Laine, et de leurs Améliorations.

§. I. Des précautions à prendre pour tirer un bon produit des alliances des bêtes à laine.

Pour tirer un bon produit des alliances des bêtes à laine, il ne faut donner le bélier aux brebis que dans le temps qui est le plus favorable pour l’accouplement, & qui répond le mieux à la saison où les agneaux prennent un bon accroissement. On doit choisir les béliers & les brebis les plus propres à perfectionner l’espèce, soit pour la taille, soit pour la laine. Il faut séparer les béliers des brebis, lorsqu’il est à craindre qu’ils ne s’accouplent trop tôt.

§. II. Du temps le plus favorable pour l’accouplement des bêtes à laine.

Ce temps n’est pas le même partout ; il dépend du froid des hivers & de la chaleur des étés, dans les différens pays où sont les troupeaux.

Plus les hivers sont rigoureux, plus il faut retarder le temps des accouplemens. On ne doit les permettre dans nos provinces septentrionales, qu’en septembre, en octobre, afin que les agneaux ne naissent qu’au mois de février & de mars, & ne soient pas exposés aux grands froids qui retarderoient leur accroissement dans le premier âge, parce qu’ils n’auroient que de mauvaises nourritures s’ils étoient nés plutôt. Au contraire, dans les pays où les hivers sont doux, & les étés fort chauds, tels que la Provence & le bas-Languedoc, il faut avancer les accouplemens, en donnant les béliers aux brebis dès le mois de juin ou de juillet, afin d’avoir des agneaux dans les mois de novembre ou de décembre. Ils n’ont rien à craindre de l’hiver, ils trouvent une bonne nourriture dans cette saison, & ils deviennent assez forts pour résister aux grandes chaleurs de l’été ; ils ont beaucoup plus de laine dans le temps de la tonte, & ils sont beaucoup plus grands à la fin de l’année que s’ils n’étoient venus qu’après l’hiver. Tous ces usages étant bons, les uns pour les pays chauds, & les autres pour les pays froids, le plus sûr, dans les pays tempérés, où l’hiver est doux dans quelques années, & très-froid dans d’autres, est d’attendre le mois de septembre pour donner le bélier aux brebis, parce que l’on courroit le risque de perdre beaucoup d’agneaux, si l’hiver étoit très-froid, & qu’ils vinssent à naître dans les mois de décembre ou de janvier.

§. III. Les béliers qui n’ont point de cornes sont-ils aussi bons que ceux qui en ont ? À quel âge sont-ils en état de produire de bons agneaux ? Combien faut-il donner de brebis à chaque bélier ?

On doit préférer les béliers qui n’ont point de cornes, parce qu’ils tiennent moins de place au ratelier, & qu’on a moins à craindre qu’ils ne blessent quelqu’un, qu’ils ne soient blessés eux-mêmes en se battant à coups de tête les uns contre les autres, & qu’ils ne fassent du