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naseaux courts & étroits, le front large, élevé & arrondi, les yeux noirs, grands & vifs, les oreilles grandes & couvertes de laine, l’encolure large, le corps élevé, gros & allongé, le rable large, le ventre grand, les testicules gros & la queue longue.

Les brebis doivent avoir le corps grand, les épaules larges, les yeux gros, clairs & vifs, le col gros & droit, le ventre grand, les tettines longues, les jambes menues & courtes, & la queue épaisse.

Quant aux moutons, il faut choisir ceux qui n’ont point de corne, qui sont vigoureux, hardis & bien faits dans leur taille, qui ont de gros os & la laine douce, grasse, nette & bien frisée

§. VI. À quel âge faut-il prendre les bêtes à laine pour former un troupeau ? Doit-on toujours préférer les bêtes à laine de la plus haute taille ? Les plus grandes races sont-elles préférables dans tous les pays ?

Pour former un troupeau, il faut prendre les béliers à deux ans : c’est l’âge où ils commencent à avoir assez de force pour produire de bons agneaux. Ils sont bons béliers jusqu’à l’âge de huit ans ; mais plus vieux, ils ne peuvent plus être de bon service. Il faut aussi prendre des brebis de l’âge de deux ans, & préférer celles qui n’ont pas porté, s’il est possible d’en trouver. À cinq ans les brebis sont encore plus propres à produire de bons agneaux, si elles n’ont jamais porté, ou au moins si elles n’ont pas porté avant l’âge de dix-huit mois ou deux ans. À sept ou huit ans, elles s’affoiblissent, parce que les dents de devant leur manquent pour brouter. On prend les moutons à l’âge de deux ou trois ans, pour en tirer les toisons jusqu’à l’âge de sept ans, & alors on les engraisse pour les vendre au boucher.

On ne doit pas toujours préférer les bêtes à laine de la plus haute taille. Une bête à laine de taille médiocre, & même petite, est préférable à une plus grande lorsqu’elle a de meilleure laine ; mais lorsque la qualité de la laine est la même, il faut choisir les plus grandes, parce qu’elles sont d’un meilleur produit par les toisons & par la vente que l’on fait de l’animal pour la boucherie, & aussi parce qu’elles sont plus fortes & plus robustes.

Les plus grandes races ne sont pas non plus à préférer dans tous les pays, parce qu’il faut des pâturages très-abondans pour suffire à la nourriture des bêtes à laine de grande race, telle que la flandrine. Elles ne trouveroient pas allez de nourriture dans les terreins secs & élevés, où l’herbe est rare & fine. Ces terreins conviennent mieux aux petites espèces qui demandent moins de nourriture. On ne met pas des moutons de grande race sur des terreins humides, parce qu’ils y sont plus sujets à la maladie de la pourriture (Voyez ce mot) que les moutons de petite race. D’ailleurs, si les petits étoient attaqués de ce mal, il y auroit moins à perdre que sur les grands.