Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/737

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entre deux doigts, & en frottant légèrement ses filamens, on connoît s’ils sont doux ou rudes.

Si des filamens de laine qu’on prend & qu’on tend, en les tenant des deux mains par les deux bouts, cassent au premier effort, c’est une preuve que la laine est foible ; plus ils résistent, plus la laine a de force.

Pour connoître si la laine est nerveuse ou molle, on en prend une poignée & on la serre ; ensuite on ouvre la main. Alors si la laine est nerveuse, elle se renfle autant qu’elle l’étoit avant d’avoir été comprimée dans la main ; au contraire, si la laine est molle, elle reste affaissée ou se renfle peu.

Les laines blanches, fines, douces, fortes & nerveuses sont les meilleures laines. Celles qui ont une mauvaise couleur, & qui sont grosses, rudes, foibles ou molles, sont de moindre qualité. Les laines mêlées de beaucoup de jarre sont les plus mauvaises.

Le jarre est un poil mêlé avec la laine, & qui en diffère beaucoup ; il est dur & luisant ; il n’a pas la douceur de la laine, & il ne prend aucune teinture dans les manufactures. Une laine jarreuse ne peut servir qu’à des ouvrages grossiers : plus il y a de jarre dans la laine, moins elle a de valeur. On voit du jarre dans les laines superfines, & il s’en trouve d’aussi fin que ces laines.

§. IV. Des signes de la mauvaise & bonne santé des bêtes à laine.

Les parties du corps dégarnies de laine, le regard triste, la mauvaise haleine, les gencives & la veine pales, sont autant de signes de la mauvaise santé des bêtes à laine. Les signes, au contraire, de leur bonne santé, se réduisent aux suivans : la tête haute, l’œil vif & bien ouvert ; le front & le museau secs, les naseaux humides sans mucosité ; l’haleine sans mauvaise odeur, la bouche nette & vermeille, tous les membres agiles, la laine fortement adhérente à la peau qui doit être rouge, douce & souple, le bon appétit, la chair rougeâtre, & sur-tout la veine bonne & le jarret fort.

Pour connoître la veine, le berger met le mouton entre ses jambes ; il empoigne sa tête avec les deux mains ; il relève avec le pouce de la main droite, la paupière du dessus de l’œil, & avec le pouce de la main gauche, il abaisse la paupière du dessous. Alors il regarde les veines du blanc de l’œil ; si elles sont bien apparentes, d’un rouge vif, & si les chairs qui sont au coin de l’œil, du côté du nez, ont aussi une belle couleur rouge, c’est un signe que l’animal est en bonne santé.

Pour savoir si le jarret est bon, il faut saisir le mouton par l’une des jambes de derrière ; s’il fait de grands efforts pour retirer sa jambe ; si l’on est obligé d’employer beaucoup de force pour la retenir, c’est une preuve que l’animal est fort & vigoureux.

§. V. Des proportions qui font reconnaître un bon bélier & les bonnes brebis.

Il faut choisir des béliers qui aient la tête grosse, le nez camus, les