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produit du blé. Il donne, par le bluteau supérieur, une première farine ou fleur, bien supérieure à la première de bled. On la nomme première farine de gruau.

Ce qui n’a pas passé à travers le bluteau supérieur, se remet encore sous la meule, pour être remoulu une seconde fois, & l’on obtient la seconde farine de gruau, qui est un peu moins blanche que la précédente.

Le résidu de cette seconde farine se repasse encore sous la meule une troisième fois, lorsqu’on a pour but de tirer la plus grande quantité de blanc possible ; mais ordinairement ce résidu se mêle avec le gruau gris, ce qui forme une troisième farine de gruau, moins blanche encore que la seconde.

L’on passe une seconde fois sous la meule le résidu du gruau gris pour avoir une quatrième farine de gruau qui est bise, & l’on y mêle encore le produit des gruaux bis & des recoupettes qu’on ne moud qu’une seule fois.

Il reste à la fin de toutes ces opérations, un petit son qu’on appelle fleurage, ou rémoulade de gruaux, qui est bon pour les volailles & les cochons.

On voit par-là qu’on peut varier à l’infini les procédés de la mouture par économie, pour en tirer toutes les qualités de farine qu’on désire.

La construction de la cage & des bâtimens d’un moulin à eau de pied ferme, qui est la principale sorte de moulin la plus commune, la mieux connue & la plus utile, coûte à proportion de la plus ou moins grande étendue des bâtimens qu’on veut y faire, & du nombre ou de l’étendue des magasins que l’on y veut établir. On n’entrera point dans le détail & le prix de ces sortes de constructions, pour se fixer à ce qui regarde la méchanique seulement.

La roue & l’arbre tournant peuvent coûter deux cent soixante, à trois cent livres, suivant la hauteur de la roue, la grosseur de l’arbre, & les ferrures qu’on veut y mettre.

Le rouet & la lanterne coûtent environ deux cent, à deux cent cinquante liv., suivant la hauteur du rouet, la qualité des bois, le boulonnement du rouet, les ferrures de la lanterne, &c.

Le beffroi peut être en maçonnerie ; le pallier, les deux braies & la trempure peuvent coûter cinquante à soixante liv.

Le fer, l’annille, le pas ou crapaudine, environ cent ou cent-cinquante liv., suivant la force ; & si l’on veut y joindre les nouveaux châssis à dresser les meules avec des vis, châssis de fer, poëlette de cuivre, crapaudine métallique, c’est encore un objet de soixante à quatre-vingt liv.

Les deux meules de bonne qualité, & bien mises en moulage, peuvent revenir à environ mille livres, & à Paris, huit cent liv. Les cerces des meules, couvercles, trémion, porte-tremion, trémie, auget & frayon, environ cent liv.

La huche & sa bluterie de dessous, ou dodinage, quatre-vingt-dix à cent livres ; ses bluteaux, depuis quinze à vingt-quatre liv. pièce, suivant leur finesse ; le babillard quinze liv., &c.

Et si l’on veut y joindre les machines nécessaires pour cribler & manœuvrer les bleds, il faut une lanterne qui prenne dans le rouet ; un petit arbre de couche ; poulies, cordages, ventilateurs, cylindre d’en-