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mier lés de la bluterie fait, en dernier travail, un gruau clair & fin, qu’on peut aisément mettre dans le blanc ; le second lés, un second gruau qui est bon pour le bis-blanc, & une partie du reste en bis : au lieu qu’avec le dodinage, les gruaux restans du rémoulade sont bien plus rouges, & ne peuvent plus être employés qu’en bis.

La bluterie est encore d’une grande utilité lorsqu’il y a des recoupes qui sont dures, ce qui est souvent occasionné par une rouillure trop foncée, ou par la nature du bled. Lorsqu’on veut remoudre ces recoupes, on est obligé d’approcher le moulin, ce qui le fatigue beaucoup & rougit totalement la farine qui provient de ces recoupes, si l’on se sert d’un dodinage ; au lieu que, par le moyen d’une bluterie, le moulin va toujours en allégeant, sans que l’on remette les rougeurs sous la meule, ce qui fait que la farine provenant de ces recoupes est bien plus claire. On trouve encore par le remoulage au premier lés de la bluterie, de petits gruaux bons à mettre en bis-blanc, & le reste en bis ; ce qui avantage beaucoup un moulin, parce que rien n’est perdu, & qu’il tourne toujours sur ses marchandises en allégeant.

Il est vrai que cette méthode occasionne des évaporations ; mais on en est amplement dédommagé par la quantité & la qualité de la farine. D’ailleurs, il ne faut pas perdre de vue qu’on n’entend parler ici que d’un moulin à blanc, d’où l’on cherche à tirer de grandes qualités : mais pour un moulin à bis ou à bis-blanc le dodinage est suffisant, & l’on peut tirer, par son moyen, la totalité des farines. On ne prétend cependant pas blâmer les dodinages ; mais, d’après l’expérience, il conste que les bluteries font les gruaux plus clairs. Plusieurs meûniers se servent d’abord du dodinage pour dégraisser les sons gras, & ensuite d’une bluterie : cette opération est très-bonne.

On pourra encore objecter, qu’au §. précédent on a blâmé la méthode de ceux qui préfèrent les blutoirs de soie aux bluteaux d’étamine ; mais il s’agissoit alors du bluteau supérieur, qui, dans tous les cas, doit être de laine, parce qu’il est destiné à passer la fleur ou farine de bled qui gommeroit la soie : ici au contraire il ne s’agit que du bluteau inférieur pour les gruaux & recoupes, dont le supérieur a ôté la fine fleur ou farine alongée sur le bled, & grasse par elle-même, & qui a besoin d’une forte secousse pour être bien blutée ; au lieu que la bluterie cylindrique suffit pour les gruaux secs & les sons durs. D’ailleurs, les soies, ou quìntìns & cannevas des cylindres à gruaux, doivent être plus ouverts que ceux qu’on emploieroit à tamiser la farine de bled, & par cela même ils sont moins sujets à s’engraisser, &c.[1]

  1. Ceux qui ont assez d’emplacement, feront bien de laisser fermenter le son gras avant de le passer à la bluterie, le gruau se sépare mieux, le son reste plus sec, &c. On verra dans l’explication des Planches, les moyens de placer avantageusement cette bluterie séparément, sans qu’elle gêne en aucune manière les autres opérations du moulin.