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que les bluteaux ne blutent point assez, ce seroit alors une marque qu’ils n’auroient pas assez de mouvement, & il faudroit remblayer. Débrayer ou remblayer, c’est serrer plus ou moins la batte sur la croisée, ou serrer la baguette plus ou moins près de la huche du côté de la croisée.

§. V. Du dodinage & de la bluterie cylindrique.

Comme l’étage supérieur de la huche est pour les bluteaux fins, destinés à tirer la première farine de blé, on place dans l’étage inférieur un dodinage ou bluteau lâche, d’une étamine plus ouverte, & de deux ou trois grosseurs pour séparer les gruaux & recoupes. Ce dodinage peut être fait & monté comme le grand blutage, à l’exception que la lumière de la baguette ne doit point être à plomb à celle de la batte ; mais elle doit être percée un peu en équerre, suivant la lumière de la batte, c’est-à-dire venant sur la croisée, afin de donner au bout de la baguette une plus grande distance de son moteur, & que cela fasse mieux tamiser, en donnant un plus grand mouvement au dodinage. Si le grand babillard est, comme on l’a déjà dit, à mont l’eau, celui du dodinage doit être avallant, parce qu’il faut les poser en sens contraires.

Dans tous les cas, soit que l’on ait une huche de bout, soit qu’elle soit de plat, on doit préférer une bluterie cylindrique à un dodinage, sur-tout si l’on vise au blanc, & à l’exacte division des matières. Cette bluterie se met en mouvement, comme on l’a pu remarquer plus haut, au moyen d’une lanterne emmanchée à son extrémité, & engrenant dans les dents d’un petit hérisson posé près les tourillons sur l’arbre tournant ; ou bien on supplée la lanterne & hérisson par deux poulies unies par un pignon, engrenant dans les dents du grand rouet.

Par le moyen de cette bluterie, on a toujours un gruau plus parfait qu’avec un dodinage, mais il faut bien prendre garde que la bluterie ne se gomme, c’est-à-dire, ne s’engraisse par les gruaux trop mous. C’est ce qui arrive encore quand le bluteau supérieur ne blute pas suffisamment, ou blute mal, parce qu’alors il tombe dans la bluterie cylindrique de la farine de bled, ou de la fleur avec les gruaux, ce qui gomme la soie.

Lorsqu’on se sert d’un dodinage, les gruaux, & sur-tout les seconds sont souvent mêlés de rougeurs, & quand on fait remoudre ces parties, qui sont dures & petites, on est obligé d’approcher les meules pour pouvoir les atteindre, & l’on rougit la farine en mettant en poudre les rougeurs que le dodinage a mêlées aux gruaux. Le plus sûr moyen, pour avoir du blanc, est de sasser les gruaux gris, pour en ôter les rougeurs avant de les moudre.

Mais, par le moyen d’une bluterie, on soulage le moulin pour n’enlever que l’écorce extérieure de la partie qu’on veut moudre, parce qu’on est sûr que la bluterie séparant exactement ces rougeurs, on pourra ensuite, dans le moulage, approcher tant qu’on voudra pour atteindre les petits noyaux qui auront échappé aux premières moutures, sans piquer ni rougir la farine qui en doit provenir. Le pre-