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guette P dans une juste proportion, il faut appuyer la baguette d’un côté P contre la huche 5, & mesurer la batte 1 contre la pointe de la croisée Q, de façon qu’il y ait à-peu-près deux pouces de distance du bout de la batte au bout de la croisée. On laisse alors revenir le babillard, de manière que la batte prenne de quatre à cinq pouces sur le bras de la croisée, & l’on est sûr alors que la baguette doit faire remuer le bluteau dans une juste vitesse, & ne sauroit toucher contre la huche en tournant ; ce qu’il faut éviter avec soin. Il faut que la force de la batte soit proportionnée à celle du moulin, & même qu’elle ne soit pas si forte, parce que cette partie doit être leste.

St un moulin est en-dessous avec une huche de bout, il convient de mettre le babillard à mont l’eau ; & avallant l’eau, toujours près du Tourillon, si c’est un moulin en-dessus. Le mouvement en est bien plus doux.

Lorsqu’un moulin va très-fort, il y a toujours de l’avantage de préférer, comme on l’a dit, une croisée à trois bras & trente pouces de diamètre, quand le lieu le permet. On peut faire la croisée de trois morceaux de jantes ; c’est-à-dire, de ces pièces de bois qui forment les tours d’une roue de charriot emmanchées l’une dans l’autre & bien chevillées : de cette manière la croisée n’est pas si sujette à se fendre que si elle n’étoit que d’une seule pièce.

On parvient à la consolider par le moyen de trois boulons ou têtes de fer de deux à trois pouces de tour, retenus chacun par un bon écrou, & qui prenne depuis la tourte du dessous de la lanterne, c’est-à-dire depuis l’assiette du dessous de la lanterne, jusques dessus les bras de la croisée : ces boulons servent de faux fuseaux en dedans de la tourte, en y ajoutant une équerre de fer sur la croisée si l’on veut de la solidité, & fermant le tout à écrou ; cette pièce devient presque impérissable, elle rend le mouvement plus doux & casse bien moins de bluteaux que les croisées à quatre bras, sur-tout quand les moulins passent vingt-cinq à trente setiers. En effet, à chaque tour de lanterne, la croisée heurte trois fois contre la batte, ce qui fait remuer trois fois le babillard, la baguette, & par conséquent le bluteau ; & quatre fois lorsque la croisée a quatre bras. Comme il faut que le bluteau aille & vienne, il est évident que lorsque le moulin va vite, le bluteau n’a pas le temps de revenir, & la farine ne se remue pas bien.

On ajoute un second babillard auprès du premier quand on se sert d’un dodinage ou bluteau lâche pour tamiser les gruaux, en observant que si le grand babillard qui donne la secousse au bluteau supérieur, est à mont l’eau, à côté de l’arbre tournant, il faut que celui du dodinage ou bluteau inférieur soit avallant l’eau : si au contraire le grand est avallant, l’autre doit être à mont l’eau.

Mais lorsqu’au lieu du dodinage, ou second bluteau à gruaux, on préfère, comme plus utile, une petite bluterie cylindrique, alors on la fait tourner au moyen d’une petite lanterne de vingt à vingt-deux pouces de diamètre, avec onze ou douze fuseaux, même à huit (suivant la force du moulin) qui n’engrènent dans les dents d’un petit hérisson de vingt-quatre à vingt-cinq chevilles, posé autour de l’arbre tournant, près les tourillons du dedans.