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reprises toutes les parties du grain, sans échauffer la farine, d’épargner, par des bluteaux attachés au moulin, des manipulations ultérieures, du temps & des frais. Ceux des boulangers de Paris, qui font encore moudre à la grosse, & qui sont en petit nombre, se contentent de laisser reposer leur farine avant de la bluter, sur-tout s’ils ont le moyen d’attendre.

§. II. Examen des pièces particulières aux moulins économiques.

Les moulins économiques ne diffèrent des moulins ordinaires que par les cribles, tarares & autres machines à nettoyer les grains. Le simple énoncé ou catalogue des pièces qui constituent ceux-ci, suffit pour en donner une idée juste. D’ailleurs, on peut se transporter dans les moulins ordinaires, & y étudier ce que l’on ne connoîtroit qu’imparfaitement.

Les deux points capitaux de la mouture par économie, consistent : 1°. À bien manœuvrer les bleds pour ne les moudre qu’après avoir été bien épurés & nettoyés de toutes les mauvaises graines & poussières qui les infectent : 2°. à bien séparer les farines des sons, recoupes & gruaux, pour pouvoir remoudre ceux-ci séparément & à propos.

On vient à bout de la première opération par le moyen des cribles, tarares, &c. & de la seconde par le secours des bluteries adaptées au moulage. Toutes ces machines font leur effet, & sont mises en mouvement par la même force motrice de la roue à aubes : le reste est entièrement semblable aux moulins ordinaires, tels qu’ils sont décrits dans ce chapitre.

Le nettoyage des grains doit précéder leur moutures, & ne s’opère que par les cribles qui sont de trois sortes ; 1°. les cribles ronds à la main. Voyez fig. 11, de la Planche XI, pag. 309, du second volume, au mot Blutoir. Les cribles inclinés ou cribles d’Allemagne, fig. 10 de la même gravure ; 3 °. Les cribles cylindriques, fig. 1. idem.

Le meunier économe, qui sait de quelle importance il est, pour faire de belles farines & de bon pain, & même pour la santé, de ne moudre que des grains bien nets, bien épurés, bien secs & bien rafraîchis par le sassement, fait usage des trois sortes de cribles dont on vient de parler, sur-tout quand il a des endroits convenables, & que son moulin a plusieurs étages ; parce qu’alors le même mouvement du moulage peut faire tourner les cribles & épargner la main d’œuvre.

On sépare avec les cribles, les bleds dans les trois qualités distinguées dans le commerce des grains ; savoir, bled de la tête, bled du milieu & bled de la dernière qualité.

Dans le crible normand, qu’on emploie à la main, on fait passer tout le grain le plus petit, le moins nourri & les mauvaises graines. Ce bled, formé en tas avec le crible normand, sert à faire les petites farines bises de dernière qualité. Un autre avantage qu’on a de se servir d’abord du crible normand, c’est que le coup de poignet fait venir du bord, au-dessus du bon bled, la paille du petit bled mort, toutes les bouffes, & sur-tout l’ergot & la clocque, qui est proprement l’enveloppe du bled charbon-