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pas également les fruits de nos jardins ? Ce que je puis assurer d’après ma propre expérience, c’est que j’ai vu autant de fruits piqués sur un poirier que j’avois garni de branches de sureau, que sur les autres qui n’en avoient pas eu.

On a proposé également des fumigations avec des herbes fortes, de faire brûler de l’arsenic, de l’orpiment, &c. Cette fumée peut éloigner pour un instant les mouches & les insectes ; mais ils reviennent aussitôt qu’elle est dissipée. Il faudroit donc que les arbres fussent environnés pendant des semaines entières d’une fumée épaisse ; & pendant ce temps-là, qui cultiveroit le jardin, & qui voudroit exposer ses ouvriers à la fumée de l’arsenic, de l’orpiment ! &c. On se mettra au dessous du courant de fumée, dira-t-on ! Il n’y aura donc qu’une partie des arbres du jardin qui sera préservée ? Il est donc clair que ceux qui donnent de pareils conseils, ou qui les répètent dans leurs écrits, ne les ont jamais mis en pratique.

Mouche à Miel. (Voyez Abeille)

Mouche Cantharide. (Voyez Cantharide)


MOULES. On donne ce nom à plusieurs espèces de coquilles bivalves, dont quelques-unes se trouvent dans la mer, & d’autres dans l’eau douce. La moule de mer est un animal mol, oblong, blanchâtre, & dont les bords sont frangés ; il est logé dans une coquille composée de deux pièces assez minces, oblongues, convexes & bleuâtres à l’extérieur, concaves & blanches dans leur face interne. Ces animaux se fixent sur différens corps, au moyen d’un grand nombre de fils, à-peu-près de la grosseur d’un cheveu, & qu’ils collent autour d’eux : les cuisiniers ont soin d’arracher ces fils avant de faire cuire les moules.

M. Mercier du Paty a donné la description des bouchots à moules dans les mémoires de l’académie de la Rochelle : ce sont des espèces de parcs formés par des pieux avec des perches entrelacées, qui forment une espèce de clayonnage très-solide ; les moules s’y attachent par paquets pour y déposer leur frai, elles y croissent promptement, s’y engraissent & deviennent meilleures & plus saines que les autres moules ; il ne faut qu’une année, ou à-peu près, pour peupler un bouchot. On prend les moules depuis le mois de juillet jusqu’au mois d’octobre, en exceptant cependant les temps des fortes chaleurs & celui du frai ; on n’enlève pas toutes les coquilles du parc, mais on y en laisse au moins le dixième.

On se sert beaucoup des moules dépouillées de leurs coquilles, pour garnir des haims pour prendre différentes espèces de poissons. On a observé que les moules devenoient quelquefois un aliment mal sain, ce qui doit être attribué à un petit crustacés qui est renfermé dans la même coquille, & qu’on mange avec la moule ; on éprouve alors des malaises, des anxiétés, & même des convulsions, souvent accompagnées d’éruptions cutanées : les vomitifs sont très-bons dans ce cas.

La poudre des coquilles ou écailles de moules passe pour diurétique ; les vétérinaires l’employant contre les taies & les onglets qui viennent sur