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On plante en motte les arbres ou arbustes, ou plaines semées dans des pots. Le premier soin est de les arroser quelques jours d’avance, de renverser ensuite le pot, de le rouler un peu & par petites secousses, de passer la main gauche & les doigts étendus entre la plante & la terre supérieure, afin de les contenir ; enfin, avec la main droite, on soulève le pied du pot, & l’on fait glisser en avant sur la main gauche & la terre & la plante. Si le vase est considérable on se fait aider. On voit ordinairement tout autour de la forme de terre une multitude de petites racines capillaires & blanches, que les jardiniers appèlent perruque, parce qu’en effet ces racines sont entrelacées & semblent former un réseau contigu comme les tresses d’une perruque. Ils ont grand soin de les couper, de les détruire, & ils s’imaginent en savoir plus que la nature. Je leur dirai : commencez à faire une fosse beaucoup plus grande que le volume de terre que vous venez de tirer du pot ; placez au milieu de cette fosse la motte ; détachez-en doucement ces racines blanches ; étendez-les en tout sens dans le fond de la fosse ; couvrez-les avec de la terre meuble ; enfin, finissez de combler la fosse avec la terre que vous en avez tirée, ou avec de la meilleure si vous en avez.


MOUCHE. Insecte fort commun, & dont les espèces sont très-multipliées. On les reconnoît & on les distingue des autres insectes par leurs aîles transparentes, semblables à de la gaze, & sur lesquelles on ne voit point cette poussière, ou plutôt ces petites plumes brillantes & diversement colorées, qui embellissent les ailes des papillons. Leurs aîles sont en réseau, & ne sont cachées sous aucune enveloppe. La multiplication des mouches est prodigieuse. Elles déposent leurs œufs là où elle savent que le ver qui en proviendra, trouvera une nourriture conforme à ses besoins. L’une choisit les fruits, les arbres, l’autre la viande ; celle-ci le fondement du cheval, celle-là les naseaux du mouton, de la brebis ; & après que ces vers ont subi différens changemens de peau, à-peu-près comme le ver-à-soie, (Voyez ce mot), ils forment leurs cocons d’où ils sortent enfin en insecte parfait, c’est-à-dire en mouche, qui cherche à s’accoupler aussitôt avec sa semblable. Si on désire de plus grands détails & très-curieux, on peut consulter les ouvrages de M. de Réaumur, l’abrégé de l’histoire des insectes, imprimé à Paris chez Guerin ; le dictionnaire de M. Valmont de Bomare, &c. De plus grands détails m’écarteroient du but de cet ouvrage. Il vaut mieux s’occuper d’objets pratiques.

1°. Des mouches relativement à l’homme. Rien de plus incommode que les mouches, rien de plus tyrannique & de plus désagréable que leurs piquures, lorsque le temps est lourd, bas, ou lorsque le vent du sud règne ; ou enfin à l’approche d’un orage. Les provinces méridionales sont plus à plaindre à cet égard, que celles du nord du royaume, parce que la durée des mouches est plus longue, & la chaleur plus forte contribue de hâter singulièrement leur multiplication. Chacun a proposé son moyen pour éloigner de nos demeures un animal aussi incommode que celui-ci. Toutes