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de nouvelles pluies viennent encore sceller cette terre, on hersera chaque fois qu’on aura labouré. Le point essentiel est que la terre soit bien émiettée au moment des semailles. En effet, il est presque impossible de bien semer, de semer également, lorsque le champ est couvert de mottes. Le semeur doit toujours avoir les yeux fixés sur la place où doit tomber le grain, & s’il fait un faux pas en mettant le pied sur une motte qu’il ne voit pas : alors son coup de main ne sera plus égal ; ces masses de terres forment des monticules sur lesquelles le grain ne peut se reposer ; le semeur glisse, & les grains se trouvent rassemblés & trop épais vers son pied. Si le grain reste dessus, ou si en hersant il se trouve dessous, dans l’un & l’autre cas il est perdu. Le premier est dévoré par les oiseaux, & le second est étouffé sous une masse qu’il ne peut pénétrer. Je sais que des femmes, des enfans, armés de maillets de bois & à longs manches, marchent après le semeur, & brisent les mottes autant qu’ils le peuvent. Mais c’est une augmentation de dépense & de dépense considérable, lorsqu’il faut massoler une grande étendue de terrein. Si on la compare avec celle occasionnée par la herse, on verra qu’elle l’emporte de beaucoup, & que l’ouvrage ne sera jamais si bien fait. Que l’on compare un champ qui a été hersé autant de fois que le besoin l’exigeoit, avec un pareil champ où l’on a été obligé de briser les mottes avec le maillet, on verra certainement dans celui-ci beaucoup de places vides, & un très grand nombre d’autres inégalement semées.

Si on étoit toujours assuré d’avoir une pluie favorable près de l’époque des semailles, les mottes seroient moins nuisibles, sur-tout, si malgré leur résistance on avoir donné des labours profonds, parce qu’elles offrent une plus grande surface capable de recevoir les impressions des météores. (Voyez le mot Amendement & le dernier chapitre du mot Culture) Mais, comme rien n’est plus incertain que cette pluie bienfaisante, la prudence dicte la loi de herser autant de fois que le besoin l’exige, & de donner un nouveau labour après le travail de la herse, afin de découvrir & de présenter au soleil le plus de surface qu’il est possible.

On a proposé différentes espèces de rouleaux pour suppléer à la herse. Ils sont représentés, planche XIX, page 477 du cinquième volume. Ce que je viens de dire sur la nécessité de herser après chaque labour dans les fonds tenaces, n’implique pas contradiction avec ce que j’ai avancé à l’article Herse, qu’il convient de relire. Il ne s’agit que des sols gras, & on doit observer qu’on demande sur-tout, qu’après qu’on aura hersé, on laboure de nouveau. Les motifs en sont détaillés dans cet article.


Motte (Planter En). Opération par laquelle on ouvre un fossé à une certaine distance de l’arbre, & tout autour, afin de lui conserver le plus grand nombre de racines qu’il est possible ; ensuite, lorsque le fossé est à une profondeur plus basse que celles des racines, on cerne la terre par dessous, & on enlève l’arbre avec la terre qui est attachée aux racines. Cette manière de travailler, réussit assez bien lorsque la terre est forte & tenace ; mais ordinairement