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renifler une fois de l’eau de luce, qui lui procura une évacuation très-abondante par les narines : deux jours après cette chienne se porta aussi bien que les huit autres chiens. »

» Je dois avertir ici qu’on doit tenir ensemble tous les chiens malades pendant le traitement, & qu’après leur guérison, on doit faire bien nettoyer leur cheni, le laver à grande eau, le laisser ouvert jusqu’à ce qu’il soit bien sec, après quoi il faut le refermer & y brûler du soufre, & quelques jours après des baies de genièvre. Il faut faire la même chose pour leur mangeoire & leur abreuvoir, si l’on n’aime mieux en refaire de neufs, ce qui seroit préférable. Pendant ce temps-là, il faut laisser les chiens en liberté dans une cour, pour prendre l’air. »

Nota. C’est M. le marquis de Saint-Vincent qui a imaginé le premier d’administrer l’éther vitriolique aux animaux dans les coliques d’indigestion. À son exemple nous l’avons une fois essayé dans un cheval espagnol, auquel on avoit inconsidérément donné de la luzerne pour nourriture. Nous lui donnâmes soixante gouttes d’éther avec du sucre pilé, en lui faisant avaler par-dessus une corne d’eau pure. Cet animal qui se rouloit, se débattoit depuis environ trois heures, avec la plus grande violence, devint, une heure après, calme, tranquille, rendit des excrémens fœtides, fit beaucoup de vents, & fut entièrement guéri. On ne doit pas moins de reconnoissance à M. Berniard d’avoir employé l’éther dans une maladie aussi cruelle & aussi désespérée & dans une espèce d’animaux aussi utiles que celui-ci aux plaisirs de l’homme. M. T.


MOTTE DE TERRE. Morceau détaché du sol par la bêche ou par la charrue, & en masse plus ou moins grosse. Les terres tenaces, argileuses, &c. sont sujettes à être soulevées en mottes, sur-tout après qu’il a plu, ou lorsque les troupeaux l’ont piétinée pendant qu’elle est humide. Si on a donné un fort labour croisé, (voyez ce mot) avant l’hiver, il n’est pas nécessaire de briser ces mottes, au contraire elles s’imprégneront beaucoup plus de l’eau des pluies, des neiges, des rayons du soleil, de l’acide de l’air, (Voyez le mot Amendement) ; enfin les gelées les pénétreront & le dégel en séparera mieux les molécules que ne pourroient le faire les mains de l’homme. Dans les pays où l’on a la mauvaise coutume de laisser les champs sur lesquels on a levé la moisson sans être labourés jusqu’après l’hiver, on est assuré d’avoir dans les deux premiers labours une quantité prodigieuse de grosses mottes qui se durciront & se scelleront de plus en plus par l’exsication. S’il survient une sécheresse au printemps, comme c’est assez l’ordinaire dans les provinces méridionales, tous les labours que l’on donnera ensuite jusqu’à ce qu’il survienne une pluie, tourneront & retourneront ces mottes sans les briser, & à peine remueront-ils & sillonneront-ils le sol du dessous. Le plus court est, aussitôt après le premier labour, de faire passer la herse, (Voyez ce mot) à plusieurs reprises, & jusqu’à ce que ces mottes soient divisées. Alors on donnera un second labour qui croise le premier. Si ce second labour soulève encore beaucoup de mottes, on hersera de nouveau. Si