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dance de ce mucus accumulé, soit dans les narines, soit dans les bronches.

Cette maladie est ordinairement mortelle, & souvent elle se communique aux autres brebis, au point d’infecter en très-peu de temps des troupeaux nombreux. Elle a beaucoup de ressemblance avec la morve des chevaux ; (Voyez l’article ci-dessus) mais elle en diffère en ce que les glandes lymphatiques de la brebis ne sont pas ordinairement engorgées, ce qui a toujours lieu dans les chevaux morveux.

L’ouverture des brebis morveuses démontre que les cavités du nez, le larinx, la trachée-artère & les bronches sont tapissés de la même matière que celle qu’on voit sortir. Quand celle qui sort des naseaux est purulente, on trouve les bronches & l’intérieur du nez ulcérés.

Traitement. M. Vitet conseille, après avoir séparé la brebis morveuse du troupeau, de lui faire prendre, deux fois par jour, un bol composé de deux drachmes de souffre incorporé avec suffisante quantité de miel ; d’injecter dans les narines de l’eau seconde de chaux, édulcorée avec du miel ; de mêler à sa boisson & à sa nourriture du sel, & de ne la nourrir qu’avec de la farine de seigle. Ces remèdes facilitent très-bien l’expectoration nazale & la détersion de l’ulcère ; mais ne seroit-ce pas aussi le cas d’employer les autres injections prescrites pour la morve des chevaux, de même que le séton à côté des deux oreilles, & le trépan sur les os du nez ?

Si dans le commencement de la maladie, on ne trouve que deux ou trois brebis affectées de la morve, il faut les assommer sur le champ & les enterrer profondément. Ce parti est bien plus avantageux, que de livrer au boucher les brebis qui sont attaquées, & dont la chair est capable d’occasionner des maladies épidémiques & contagieuses ? Les magistrats, chargés de la police de la campagne, devroient redoubler leurs efforts pour supprimer un abus aussi nuisible à la santé des citoyens & à la population. M. T.

Morve Des Chiens. Médecine vétérinaire. Les chiens sont aussi sujets à la morve. Chez ces animaux la maladie se manifeste d’abord par un éternuement qui est bientôt suivi d’un écoulement par les narines & par les yeux, d’une liqueur visqueuse & jaunâtre, accompagné d’une grande tristesse & d’un abattement qui ne leur permet plus de manger.

Cette maladie est une peste, & il n’y a pas encore d’exemple qu’un seul chien en ait réchappé, quelques remèdes qu’on ait employés. Cependant, M. Berniard rapporte plusieurs guérisons opérées par l’administration de l’éther vitriolique. Voici le fait : c’est l’auteur qui parle.

» Au mois de Février dernier, six lévriers, cinq chiens courans & deux chiens d’arrêt, appartenans à M. le marquis Myszkowski, furent attaqués d’une maladie que les chasseurs Polonois appèlent morve… Plusieurs personnes, tant chasseurs qu’autres, ayant été consultées sur les moyens qu’il y auroit de procurer du soulagement à ces animaux souffrans, les uns conseillèrent de faire avaler à chacun, pendant trois jours consécutifs, une pinte de boisson, avec moitié lait & moitié huile. On leur fit prendre