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est certain que dans la morve proprement dite, toutes les parties du corps sont parfaitement faines, excepté la membrane pituitaire. Cela a été démontré par un grand nombre de dissections.

5°. Si dans la morve, la masse totale de la morve étoit viciée, chaque humeur particulière qui en émane, le seroit aussi & produiroit des accidens dans chaque partie ; la morve seroit dans le cheval, ainsi que la vérole dans l’homme, un composé de toutes sortes de maladies ; le cheval maigriroit, souffriroit, languiroit & périroit bientôt ; des humeurs viciées ne peuvent pas entretenir le corps en santé. Or on sait que dans la morve le cheval ne souffre point, qu’il n’a ni fièvre ni aucun autre mal, excepté dans la membrane pituitaire ; qu’il boit & mange comme à l’ordinaire, qu’il fait toutes ses fonctions avec facilité, qu’il fait le même service que s’il n’avoit point de mal ; qu’il est gai & gras, qu’il a le poil lisse & tous les signes de la plus parfaite santé.

Mais voici des faits qui ne laissent guère de lieu au doute & à la dispute.

Premier fait. Souvent la morve n’affecte la membrane pituitaire que d’un côté du nez, donc elle est locale ; si elle étoit dans la masse des humeurs, elle devroit au moins attaquer la membrane pituitaire des deux côtés.

Second fait. Les coups violens sur le nez produisent la morve. Dira-t-on qu’un coup porté sur le nez a vicié la masse des humeurs ?

Troisième fait. La lésion de la membrane pituitaire produit la morve. En 1779, au mois de novembre, après avoir trépané & guéri du trépan un cheval, il devint morveux, parce que l’inflammation se continua jusqu’à la membrane pituitaire. L’inflammation d’une partie ne met pas la corruption dans toutes les humeurs.

Quatrième fait. Un cheval sain devient morveux presque sur-le-champ, si on lui fait dans le nez des injections âcres & corrosives, or ces injections ne vicient pas la masse des humeurs.

Cinquième fait. On guérit de la morve par des remèdes topiques. M. Dubois, médecin de la faculté de Paris, a guéri un cheval morveux par le moyen des injections. On ne dira pas que les injections faites dans le nez ont guéri la masse du sang ; d’où M. de la Fosse le fils conclud que le siège qu’il lui assigne dans la membrane pituitaire, est son unique & vrai siège. (Voyez sa dissertation sur la morve, imprimée en 1761.) M. BRA.

Morve Des Brebis. Médecine vétérinaire. La morve des brebis est une maladie contagieuse qui offre la plûpart des symptômes de la morve des chevaux. Il se fait par les naseaux un écoulement d’une humeur, d’abord visqueuse, ensuite blanchâtre ; enfin, purulente. Tant que l’écoulement n’est que muqueux, la brebis mange comme à son ordinaire ; mais lorsqu’il devient purulent, la tristesse, le dégoût, la maigreur & la foiblesse s’accroissent tous les jours ; l’odeur qu’exhale le corps est fœtide, & la mort est prochaine. Quelquefois la matière muqueuse qui s’accumule dans les naseaux est si considérable, que l’animal est obligé de faire de violens efforts pour la chasser hors des narines, & on en a vu-mourir suffoqués par l’abon-