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être familier avec ces écoulemens ; autrement on est exposé à porter des jugemens faux, & à donner à tout moment des décisions qui ne sont pas justes. L’œil & le tact sont d’un grand secours pour prononcer avec justesse sur ces maladies.

La morve proprement dite, étant un écoulement qui se fait par les naseaux, elle est aisément confondue avec les différens écoulemens qui se font par le même endroit ; aussi il n’y a jamais eu de maladie sur laquelle il y ait tant eu d’opinions différentes & tant de disputes, & sur laquelle on ait tant débité de fables : sur la moindre observation chacun à bâti un système, de-là est venu cette foule de charlatans qui crient, tant à la cour qu’à l’armée, qu’ils ont un secret pour la morve, qui sont toujours sûrs de guérir & qui ne guérissent jamais.

La distinction de la morve n’est pas une chose aisée, ce n’est pas l’affaire d’un jour ; la couleur seule n’est pas un signe suffisant, elle ne peut pas servir de règle : un signe seul ne suffit pas ; il faut les réunir tous pour faire une distinction sûre.

Voici quelques observations qui pourront servir de règle.

Lorsque le cheval jette par les deux naseaux, qu’il est glandé des deux côtés, qu’il ne tousse pas, qu’il est gai comme à l’ordinaire, qu’il boit & mange comme de coutume, qu’il est gras, qu’il a bon poil, & que l’écoulement est glaireux, il y a lieu de croire que c’est la morve proprement dite.

Lorsque le cheval ne jette que d’un côté, qu’il est glandé, que l’écoulement est glaireux, qu’il n’est pas triste, qu’il ne tousse pas, qu’il boit & mange comme de coutume, il y a encore plus lieu de croire que c’est la morve proprement dite.

Lorsque tous ces signes existans, l’écoulement subsiste depuis plus d’un mois, on est certain que c’est la morve proprement dite.

Lorsque tous ces signes existans, l’écoulement est simplement glaireux, transparent, abondant & sans pus, c’est la morve proprement dite commençante.

Lorsque tous ces signes existans, l’écoulement est verdâtre, ou jaunâtre, & mêlé de pus, c’est la morve proprement dite confirmée.

Lorsque tous ces signes existans, l’écoulement est noirâtre, ou sanieux, & glaireux en même-temps, c’est la morve proprement dire invétérée.

On sera encore plus assuré que c’est la morve proprement dite, si avec tous ces signes, on voit en ouvrant les naseaux, de petits ulcères rouges ou des érosions sur la membrane pituitaire, au commencement du conduit nasal.

Lorsqu’au contraire l’écoulement se fait également par les deux naseaux, qu’il est simplement purulent, que le cheval tousse, qu’il est triste, abattu, dégoûté, maigre, qu’il a le poil hérissé, & qu’il n’est pas glandé, c’est la morve improprement dite.

Lorsque l’écoulement succède à la gourme, c’est la morve de fausse gourme.

Lorsque le cheval jette par les naseaux une simple mucosité transparente, & que la tristesse & le dégoût ont précédé & accompagnent cet écoulement ; on a lieu de croire que c’est la morfondure : on en est certain lorsque l’écoulement ne dure pas plus de quinze jours.

Lorsque le cheval commence à