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nache : c’est le propre de l’inflammation d’épaissir toutes les humeurs qui se filtrent dans les parties voisines de l’inflammation ; la lymphe de la membrane pituitaire dans la morve, doit donc contracter un caractère d’épaississement ; elle se rend avec cette qualité dans les glandes de dessous la ganache, qui en sont comme le rendez-vous, par plusieurs petits vaisseaux lymphatiques, qui après s’être réunis forment un canal commun qui pénètre dans la substance de la glande ; comme les glandes lymphatiques sont composées de petits vaisseaux repliés sur eux-mêmes, qui font mille contours, la lymphe déjà épaissie doit y circuler difficilement, s’y arrêter enfin & les engorger.

Il n’est pas difficile d’expliquer par la même théorie, pourquoi dans la gourme, dans la morfondure & dans la pulmonie, les glandes de dessous la ganache sont quelquefois engorgées, quelquefois ne le sont pas ; ou ce qui est la même chose, pourquoi le cheval est quelquefois glandé, quelquefois ne l’est pas.

Dans la morfondure, les glandes de dessous la ganache ne sont pas engorgées, lorsque l’écoulement vient d’un simple reflux de l’humeur de la transpiration dans l’intérieur du nez, sans inflammation de la membrane pituitaire ; mais elles sont engorgées lorsque l’inflammation gagne cette membrane.

Dans la gourme bénigne, le cheval n’est pas glandé, parce que la membrane pituitaire n’est pas affectée ; mais dans la gourme maligne, lorsqu’il se forme un abcès dans l’arrière-bouche, le pus en passant par les naseaux, corrode quelquefois la membrane pituitaire par son âcreté ou son séjour, l’enflamme, & le cheval devient glandé.

Dans la pulmonie, le cheval n’est pas glandé, lorsque le pus qui vient du poumon est d’un bon caractère, & n’est pas assez âcre pour ulcérer la membrane pituitaire ; mais à la longue, en séjournant dans le nez, il acquiert de l’âcreté, il irrite les fibres de cette membrane, il l’enflamme & alors les glandes de la ganache s’engorgent.

Dans toutes ces maladies, le cheval n’est glandé que d’un côté, lorsque la membrane pituitaire n’est affectée que d’un côté, au lieu qu’il est glandé des deux côtés, lorsque la membrane pituitaire est affectée des deux côtés : ainsi dans la pulmonie & la gourme maligne, lorsque le cheval est glandé, il l’est ordinairement des deux côtés, parce que l’écoulement venant de l’arrière-bouche, ou du poumon, l’humeur monte par-dessus le voile du palais, entre dans le nez, également des deux côtés, & affecte également la membrane pituitaire. Cependant, dans ces deux cas mêmes, il ne seroit pas impossible que le cheval fût glandé d’un côté & non de l’autre ; soit parce que le pus en séjournant plus d’un côté que de l’autre, affecte davantage la membrane pituitaire de ce côté-là, soit parce que la membrane pituitaire est plus disposée à s’enflammer d’un côté que de l’autre, par quelque vice local, comme par quelque coup.

Diagnostic. Rien n’est plus important, & rien en même temps de plus difficile, que de bien distinguer chaque écoulement qui se fait par les naseaux ; il faut pour cela un grand usage & une longue étude de ces maladies. Pour décider avec sûreté, il faut