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que dans le commencement de la morve proprement dite, (car on ne parle ici que de celle-ci) il y a inflammation dans les glandes de la membrane pituitaire ; cette inflammation fait séparer une plus grande quantité de mucosité ; delà l’écoulement abondant de la morve commençante.

L’inflammation subsistant, elle fait resserrer les tuyaux excréteurs des glandes, la mucosité ne s’échappe plus, elle séjourne dans la cavité des glandes, elle s’y échauffe, y fermente, s’y putréfie, & se convertit en pus ; delà l’écoulement purulent dans la morve confirmée.

Le pus croupissant devient âcre, corrode les parties voisines, carie les os, & rompt les vaisseaux sanguins ; le sang s’extravase & se mêle avec le pus ; delà l’écoulement purulent noirâtre & sanieux dans la morve invétérée : la lymphe arrêtée dans les vaisseaux qui se trouvent comprimés par l’inflammation, s’épaissit, ensuite se durcit ; delà les callosités des ulcères.

La cause évidente de la morve est donc l’inflammation ; l’inflammation reconnoît des causes générales & des causes particulières : les causes générales sont la trop grande quantité, la raréfaction & l’épaississement du sang ; ces causes générales ne sont qu’une disposition à l’inflammation, & ne peuvent pas la produire, si elles ne sont aidées par des causes particulières & déterminantes ; ces causes particulières sont, 1°. le défaut de ressort des vaisseaux de la membrane pituitaire, causé par quelque coup sur le nez : les vaisseaux ayant perdu leur ressort, n’ont plus d’action sur les liqueurs qu’ils contiennent, & favorisent par-là le séjour de ces liqueurs ; delà l’engorgement & l’inflammation : 2°. le déchirement des vaisseaux de la membrane pituitaire par quelque corps poussés de force par le nez ; les vaisseaux étant déchirés, les extrémités se ferment & arrêtent le cours des humeurs ; de-là l’inflammation.

3°. Les injections âcres, irritantes, corrosives & caustiques, faites dans le nez ; elles font crisper & resserrer les extrémités des vaisseaux de la membrane pituitaire ; de-là l’engorgement & l’inflammation.

4°. Le froid. Lorsque le cheval est échauffé, le froid condense le sang & la lymphe ; il fait resserrer les vaisseaux ; il épaissit la mucosité & engorge les glandes : de-là l’inflammation.

5°. Le farcin. L’humeur du farcin s’étend & affecte successivement les différentes parties du corps ; lorsqu’elle vient à gagner la membrane pituitaire, elle y forme des ulcères & cause la morve proprement dite.

Symptômes. Les principaux symptômes sont l’écoulement qui se fait par les naseaux, les ulcères de la membrane pituitaire, & l’engorgement des glandes de dessous la ganache.

1°. L’écoulement est plus abondant que dans l’état de santé, parce que l’inflammation distend les fibres, les sollicite à de fréquentes oscillations, & fait par-là séparer une plus grande quantité de mucosité ; ajoutez à cela que dans l’inflammation, le sang abonde dans la partie enflammée, & fournit plus de matière aux sécrétions.

2°. Dans la morve commençante, l’écoulement est de couleur naturelle, transparent comme le blanc d’œuf, parce qu’il n’y a qu’une simple inflammation sans ulcère.