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tion de la peau à l’entrée des naseaux ; elle est d’abord mince, ensuite elle devient plus épaisse au milieu du nez sur la cloison & sur les cornets. En entrant dans les sinus frontaux, zygomatiques & maxillaires, elle s’amincit considérablement ; elle ressemble à une toile d’araignée dans l’étendue de ces cavités ; elle est parsemée de vaisseaux sanguins & lymphatiques, & de glandes dans toute l’étendue des fosses nasales ; mais elle semble n’avoir que des vaisseaux lymphatiques dans l’étendue des sinus ; sa couleur blanche & son peu d’épaisseur dans ces endroits le dénotent.

La membrane pituitaire, après avoir revêtu les cornets du nez, se termine inférieurement par une espèce de cordon qui va se perdre à la peau à l’entrée des naseaux ; supérieurement, elle se porte en arrière sur le voile du palais qu’elle recouvre.

Le voile du palais est une espèce de valvule, située entre la bouche & l’arrière-bouche, recouverte de la membrane paritaire du côté des fosses nasales, & de la membrane du palais du côté de la bouche : entre ces deux membranes, sont des fibres charnues, qui composent sur-tout sa substance. Ses principales attaches sont aux os du palais, d’où il s’étend jusqu’à la base de la langue ; il est flottant du côté de l’arrière bouche, & arrêté du côté de la bouche ; de façon que les alimens l’élèvent facilement dans le temps de la déglutition, & l’appliquent contre les fosses nasales ; mais lorsqu’ils sont parvenus dans l’arrière-bouche, le voile du palais s’affaisse de lui-même, & s’applique sur la base de la langue ; il ne peut être porté d’arrière en avant ; il intercepte ainsi toute communication de l’arrière-bouche avec la bouche, & forme une espèce de pont, par-dessus lequel passent toutes les matières qui viennent du corps, tant par l’œsophage que par la trachée artère ; c’est par cette raison que le cheval respire par les naseaux, c’est par la même raison qu’il jette par les naseaux le pus qui vient du poumon, l’épiglotte étant renversée dans l’état naturel sur le voile palatin. Par cette théorie, il est facile d’expliquer tout ce qui arrive dans les différens écoulemens qui se font par les naseaux.

La morve est un écoulement de mucosité par le nez, avec inflammation ou ulcération de la membrane pituitaire.

Cet écoulement est tantôt de couleur transparente, comme le blanc d’œufs, tantôt jaunâtre, tantôt verdâtre, tantôt purulent, tantôt sanieux, mais toujours accompagné du gonflement des glandes lymphatiques de dessous la ganache ; quelquefois il n’y a qu’une de ces glandes qui soit engorgée, quelquefois elles le sont toutes deux en même-temps.

Tantôt l’écoulement ne se fait que par un naseau, & alors il n’y a que la glande du côté de l’écoulement qui soit engorgée ; tantôt l’écoulement se fait par les deux naseaux, & alors les glandes sont engorgées en même temps ; tantôt l’écoulement vient du nez seulement, tantôt il vient du nez, de la trachée-artère & du poumon en même-temps.

Ces vérités ont donné lieu aux différences suivantes :

1°. On distingue la morve en morve proprement dite, & en morve improprement dite.