dre, suivant la méthode indiquée ci-dessus, avec deux boisseaux de sable de rivière fraîchement tiré de l’eau, si l’on repétrit ces matières après avoir répandu sur la totalité une ou deux onces d’huile de noix, ou de lin, ou de navette, ce mortier, ayant pris consistance, ne sera plus susceptible d’être pénétré par l’eau : on pourra en faire l’épreuve pour des constructions qui doivent être exposées à l’eau. Il paroît ici que l’huile s’étend & se divise dans le mortier encore plus qu’elle ne fait sur l’eau, puisqu’en rompant l’intérieur & l’extérieur de ces essais, on verra que l’un & l’autre sont impénétrables à l’eau. Comme la qualité de la chaux n’est pas toujours la même, il faut faire des essais pour juger de la quantité d’huile que peut exiger la chaux que l’on employe.
Il faut éteindre de la chaux dans du vin pour faire la maltha des Romains, mortier plus dur que la pierre ; ils la faisoient avec de la chaux vive qu’on venoit d’éteindre dans cette liqueur, & ils la mêloient avec de l’huile ou avec de la poix réduite en poudre. C’étoit une pâte préparée pour remplir les joints des grandes tuiles, employée dans la construction des terrasses des maisons.
Après avoir pétri avec du vinaigre deux mesures de sable & une mesure de chaux qui vient de tomber en poudre, on y ajoute la portion d’huile indiquée ci-dessus, & on obtient un mortier parfaitement dur & impénétrable à l’eau.
D’après tout ce qui vient d’être dit, on voit que le meilleur mortier est celui dont la chaux est la plus nouvellement tirée du four, qui a té fusée avec la moins grande quantité d’eau, & qui est employée le plus promptement possible. Les préparations de M. Loriot & de M. de la Faye sont excellentes pour de petits ouvrages ou pour réparer des ouvrages anciennement faits, quoiqu’on puisse les employer dans les travaux en grand ; cependant, dans ces derniers cas, je préférerais l’emploi du beton ; fortement corroyé & massivé, il devient imperméable à l’eau, au vin, & enfin à tous les fluides ; on en fait des bassins des citernes, & des voûtes de caves d’une seule pièce. (Voyez ces mots) Le grand point est de broyer la chaux lorsqu’elle est encore très-chaude & fusée, de se hâter de la broyer avec le sable & les retailles ou petites pierres, de jeter le tout encore chaud dans la tranchée, enfin de se hâter de massiver.
Si sur deux parties de sable & une de cette chaux, on retranche une partie de sable, & si on en ajoute une de pouzzolane, (Voyez ce mot) on aura un béton parfaitement crystallisé, & pris dans moins de quarante-huit heures.
À la place de la pouzzolane, on peut se servir d’une terre appellée, dans quelques endroits, terre de la monnoye, parce qu’elle est sans doute le résidu de quelqu’opération qui s’y pratique ; au moins je le crois ainsi, mais je ne puis rien assurer de positif à ce sujet, n’ayant pas sous la main de cette terre pour l’examiner ; ce qu’il y a de certain, c’est qu’elle produit le même effet que la pouzzolane. Cette terre ne seroit-elle pas du colcotar, ou terre qui est le résidu du vitriol de mars, après qu’il a été calciné & distillé à très-grand feu ; j’en ai fait des expériences en petit, qui m’ont très-bien réussi. À l’article