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muera avec un rable, & la retirera lorsqu’elle sera suffisamment calcinée. »

» On sent bien que, pour la commodité de l’ouvrier, l’aire du four doit être environ de trois pieds & demi, & que le tisard doit être placé parallèlement, ou au moins en retour, afin que le coup de vent qui sert à entretenir le feu, n’imprime pas à la flamme un mouvement trop rapide ; ce tisard, destiné à recevoir le bois, pourra avoir deux pieds de longueur, un pied de largeur, & dix-huit pouces de haut, il sera terminé en dessus par une voûte en brique, en bas par une grille posée à dix pouces au-dessous de l’aire du four, & un cendrier sous cette grille. »

» Le four ainsi disposé, l’ouvrier aura sous sa main une grande caisse remplie de chaux que l’on aura laissé éteindre à l’air, dont on aura séparé avec le râteau les pierres qui n’auroient pas fusé ; il en jettera dans le four environ deux pieds cubes, il poussera le feu jusqu’à ce qu’elle soit rouge, ayant soin de l’étendre & de la retourner de temps à autre avec un rable à long manche, pour rendre la calcination plus égale & plus prompte : cette portion une fois calcinée, il la ramera avec son rable, il la fera tomber ou sur le pavé, ou dans des caisses de tôle, & procédera de même pour les fournées successives, dont la durée ne peut être de plus d’une heure & demie pour chacune. On ne manquera pas d’opposer que la construction de ce four augmentera la dépense : mais la réponse est facile, elle est fondée sur les vrais principes de l’économie dans les arts, qui compte pour beaucoup la diminution d’une dépense qui se répète à l’infini, au moyen de quelques avances une fois faites… Environ un demi millier de briques, deux tombereaux d’argile, & quelques barreaux de fer pour la grille du tisard, voilà tout ce qu’il faut pour construire un four, tel qu’il est ci-dessus décrit ; encore peut-on retrancher une partie des briques, en plaçant l’aire du four sur un massif de moellons, & en bâtissant en pierres le cendrier du tisard. Pour peu que l’entreprise soit considérable, ces frais se repartiront sur tant de fournées, qu’ils formeront un objet de peu de conséquence, & il est aisé de prévoir que le bénéfice de cette répartition deviendra plus général, à mesure que l’usage de ce mortier deviendra plus familier, parce que les entrepreneurs établiront chez eux des fours pour cette préparation, comme les plâtriers pour la cuisson du plâtre. »

» 3°. Je dis que la préparation sera plus sûre, & c’est ici un article important. On a vu que tout dépendoit de la juste proportion & de la qualité de la chaux vive ajoutée. M. Loriot insiste avec raison sur la nécessité d’avoir continuellement de la chaux nouvelle ; il désire que dans les travaux suivis & en grand, on établisse des fours à chaux, comme ceux que l’on voit aux environs de Chartres, où l’on stratifie la pierre concassée avec des lits de charbon : il a bien senti que l’augmentation de la proportion de chaux vive, pour suppléer à la qualité, n’étoit qu’un remède infidèle, un tâtonnement sujet à mille incertitudes, & quand on seroit sûr de retrouver toujours exactement la même somme de parties absorbantes en variant les doses, je ne croirois pas encore que cela fût entièrement indifférent, du moins à un