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incorporées, employez-les promptement, parce que le moindre délai peut en rendre l’usage défectueux ou impossible.

Un enduit de cette matière, sur le fond & les parois d’un bassin, d’un canal & de toutes sortes de constructions faites pour contenir & surmonter les eaux, opère l’effet le plus surprenant, même en les mettant en petite quantité. Que seroit-ce donc si les constructions avoient été originairement faites avec ce mortier ?

La poudre de charbon de terre, en quantité égale à celle de la chaux vive, s’y incorpore parfaitement, & la substance bitumineuse du charbon est un obstacle de plus à la pénétrabilité de l’eau.

Le mélange de deux parties de chaux éteinte à l’air, d’une partie de plâtre passé au sas, & d’une quatrième partie de chaux vive, fournit par l’amalgame qui s’en fait, un enduit très-propre pour l’intérieur des bâtimens, & qui ne se gerse point. Ces mortiers doivent être préparés par rangées.

Si on ne peut avoir de la brique pilée pour les ouvrages destinés à recevoir l’eau ou à la contenir, on peut y suppléer en faisant des pelottes de terre franche qu’on laissera sécher, & qu’on fera cuire ensuite dans un four à chaux. Ces pelottes, aisément réduites en poudre, valent la brique pilée.

Un tuf sec, pierreux, bien pulvérisé, & passé au sas, peut remplacer le sable & la terre franche : il seroit même à préférer à ceux-ci à cause de sa légèreté pour les ouvrages que l’on voudroit établir sur une charpente.

Les marnes, exactement pulvérisées & délayées avec précaution, à cause de leur onctuosité qui peut résister au mélange, sont également propres à s’incorporer avec la chaux. La poudre de charbon de bois, & en général toutes les vitrifications des fourneaux, celles des forges, des fonderies, crasses, laitiers, scories, mâches-fer, toutes celles qui sont imprégnées de substances métalliques, altérées par le feu, sont également susceptibles des entraves que ce mêlange des deux chaux leur prépare, & peuvent donner un ciment de telle couleur qu’on le désirera ; en un mot, tous les débris de pierres, les cailloux, les graviers, les gravats des démolitions, peuvent entrer dans les gros ouvrages qui doivent faire corps.

Au surplus, le mélange d’un quart de chaux en poudre, indiqué par M. Loriot, est en général la proportion convenable. Mais si la chaux est nouvellement cuite, si elle est parfaite dans sa calcination, ainsi que dans les parties constituantes de la pierre qu’on réduit en chaux par la calcination, il en faudra un peu moins ; & plus, à proportion qu’elle s’éloignera de son point de perfection. Si on met trop de chaux en poudre, elle se combinera mal en mortier, se brûlera, & tombera en poussière. Si elle est inondée, à mesure que l’eau superflue se desséchera, le mortier ou ciment se gersera. Un peu de pratique instruira mieux l’ouvrier que les plus grands détails.

L’opération de M. Loriot est simple, & à la portée de tout le monde ; mais elle exige de réduire la chaux nouvelle en poudre, & cette opération, long-temps continuée, devient