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cribles en fil de fer de différent diamètre, des cribles en crin pour nettoyer les graines, & de quelques cribles en parchemin, destinés aux mêmes usages ; des grilles en fil de fer, des clayes en bois pour passer la terre ; des pêles, des bêches, des râteaux, des tire-fleurs ou houlettes de différentes grandeurs, des cordeaux, des plantoirs, des arrosoirs, de petites pioches, &c.

Il doit encore avoir un local spacieux & couvert, sec, susceptible d’être aéré au besoin, & garni tout le tour avec des tablettes, sur lesquelles il dépose les oignons, les griffes, &c. ; une partie de ces tablettes doit être divisée en petits quarreaux, par des traverses en bois, afin que chaque espèce de griffes de renoncule, par exemple, soient séparées des autres espèces, & ne se confondent pas avec elles ; afin d’éviter les étiquettes qu’un coup de vent dérange souvent. Plusieurs des petits quarreaux sont peints en jaune, blancs, violets, rouge, &c., en un mot d’une couleur correspondante à celle de la fleur dont il renferme la griffe & l’oignon ; alors il n’y a plus de méprise, & lors de la plantation, l’amateur est à même de disposer à son gré de l’effet que chaque couleur de la fleur doit produire dans son jardin. Les oignons, les griffes, &c. peuvent encore être classés dans ces quarreaux, suivant leur nomenclature. La première méthode est à préférer, parce qu’elle parle plus directement aux yeux.

Le même ordre d’arrangement, la même distribution de case peut avoir lieu pour les graines. Quant à moi, je préférerois l’usage des calebasses ou courges de pèlerins. Lorsqu’elles sont encore sur la plante, on grave dans la peau extérieure les noms de chaque espèce, ou bien on applique par-dessus & on colle un papier où chaque lettre du nom est découpée, ou bien encore on colle chaque lettre séparément, & le soleil les fait reparoître par le changement de couleur. Lorsque la calebasse est mûre, ces caractères sont ineffaçables, & elle servira pendant plus de quinze à vingt ans. Les graines s’y conservent mieux que dans des sacs de toile ou de papier. Une ficelle passée & nouée à leur col, sert à les attacher à un clou, ou contre les tablettes, ou contre un mur.

Le jardin du fleuriste exige un amphithéâtre ou des gradins, afin d’y placer des vases, soit pour offrir le plus beau de tous les coups d’œils, soit pour conserver plus long-temps la durée d’une fleur. Ces amphithéâtres sont recouverts par un toit, ou avec des toiles, afin de garantir les fleurs de l’activité du soleil ou des pluies qui les font passer brusquement, & ne donne pas à l’amateur le temps de jouir du fruit de ses travaux.

Il est essentiel que la hauteur des gradins soit proportionnée à celle des vases qu’il doit supporter ; sans cette précaution, le petit pot à oreilles d’ours, à prime-vère, &c., figureroit très-mal sur un gradin destiné à des pots d’œillets, de reine-marguerite, d’amarantes, &c. ; il faut que le bois ne paroisse point à la vue, & qu’il n’y ait presqu’aucune partie du vase qui soit visible, si ce n’est dans le premier rang ; alors la verdure & les fleurs sont dans une progression ascendante & continuelle, d’où dépend la beauté du coup d’œil. Elle n’existe plus, cette beauté, si une