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été dit aux mots Chaux, Béton, articles essentiels à celui-ci, ainsi que les mots Caves, Citernes, Cuves.

Quelle doit être la proportion entre la chaux, le sable & l’eau pour faire un bon mortier. Je n’entreprendrai pas de résoudre ce problême, dont la solution me paroît essentiellement impossible.

Il y a autant d’espèces de chaux que de cantons où on la fabrique, & souvent dans le même canton, la pierre tirée de telle ou telle autre carrière, diffère de celle de la carrière voisine, & varie suivant les bancs de la même carrière. De là sont prises les dénominations de chaux grasse, de chaux maigre, &c. ; c’est-à-dire que celle-ci exige beaucoup moins de sable, parce qu’elle contient essentiellement peu de parties calcaires, mélangées avec beaucoup de substances peu susceptibles de calcination ; comme les argilles, les craies, &c. L’autre, au contraire, demande beaucoup plus d’eau pour l’éteindre, & plus de sable pour en faire un bon mortier. C’est en partant de ces deux points, & en variant les proportions, que l’on parvient à connoître la chaux de son canton & sa qualité. Cependant, si la chaux n’est pas assez cuite, qu’elle soit mal calcinée, on ne peut rien conclure.

On qualifie encore du nom de chaux grasse, celle qui ressemble à du beurre, par sa finesse ; et chaux aigre, celle qui contient des graviers ou des portions pierreuses non calcinées, parce qu’elle n’en ont pas été susceptibles, soit parce qu’on n’a pas assez poussé le feu pendant la cuisson.

De la qualité du sable dépend encore celle du mortier. Le sable le plus fin n’est pas le meilleur. Il convient de choisir, quand on le peut, un sable anguleux. Le sable gras est préférable au sable sec. Si on ne peut pas se procurer de sable, la brique pilée peut le suppléer, et elle est à préférer au meilleur sable. Au défaut de ces deux matières, on peut se servir d’argile préparée, ainsi qu’il sera dit en parlant du mortier de M. Loriot. L’expérience a démontré que lorsque l’on prépare le mortier aussi-tôt que la chaux est éteinte, & qu’elle est encore très-chaude, ce mortier se durcit, fait corps et se crystallise beaucoup plus promptement que lorsque la chaux a été éteinte depuis long-temps ; la maçonnerie, faire avec ce premier mortier, est beaucoup plus solide, plus ferme, dure plus long-temps, & elle est moins sujette aux impressions des météores. Cette observation est importante, sur-tout lorsqu’on est forcé à bâtir dans l’arrière-saison. Si une gelée un peu forte, si des pluies surviennent, le mortier fait avec de la chaux éteinte depuis long-temps, & par conséquent très longue à crystalliser, souffrira beaucoup, par la désunion de ses parties glacées par le froid, ou trop imbibées d’eau par les pluies. Une chaux nouvellement éteinte, consomme plus de sable que la même chaux qui l’est depuis long-temps. Dans les grandes entreprises, ce n’est pas une petite économie. On compte qu’il faut ordinairement trois quintaux de chaux, poids de marc, pour une toise carrée de maçonnerie d’un mur de dix-huit pouces d’épaisseur. Cependant il n’y a point de règle géométriquement sûre sur ce point. Un des grands défauts dans la construction, vient de la part de ceux qui broyent le mortier. Les enfans, ou