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une lessive de cendres de sarment, dans laquelle on aura fait bouillir du soufre, ou avec une décoction de romarin, de sauge, d’absinthe & de camomille, ou avec de l’esprit de vin, auquel on ajoutera parties égales de sel ammoniac & d’eau de chaux. Après les fomentations, on appliquera un cataplasme fait avec la farine de fèves, cuite dans l’oxymel, y ajoutant des roses rouges & de l’alun ; & si malgré ces remèdes, la molette augmente de volume, on aura recours à des résolutifs plus forts. Telles sont les fomentations faites avec les décoctions de romarin, de thym, de serpolet, de laurier, de camomille, d’anis, de fenouil, de moutarde, de semences, de fœnugrec & de fiente de pigeon, dont on fait une forte décoction. On pile le marc & on l’applique en cataplasme sur la molette. Les feuilles d’ieble & de sureau, pilées avec de l’esprit de vin, font aussi un bon cataplasme.

Si la molette résiste, le secours le plus prompt est de faire de légères scarifications sur la molette, de manière à ouvrir la peau & quelques unes des cellules qui contiennent la lymphe ; comme elles ont communication les unes avec les autres, toutes ces cellules se dégorgeront insensiblement par celles qui seront coupées : & si cette lymphe dépravée y a croupi assez long-temps pour y former un calcul d’une forme & d’un volume quelconque, connoissant la structure anatomique de la partie affectée, rien n’empêche qu’on ouvre la peau & le tissu cellulaire, de manière à en extraire avec facilité le corps étranger.

Quand la lymphe ou la pierre sont sorties, les incisions se cicatrisent bien vite, si l’on n’a pas trop attendu à les faire. Il faut cependant appliquer sur les ouvertures, des compresses trempées dans de l’eau vulnéraire ou dans de l’eau-de-vie camphrée, pour rétablir le ressort des fibres. Si les plaies étoient pâles, & qu’il y eût de la disposition à la gangrène, on les panseroit avec le baume de styrax, ou les autres remèdes convenables à cette maladie.

La molette qui dépend d’un sang trop aqueux, demande les mêmes remèdes que la précédente, & principalement ceux qui sont propres pour l’hydropisie ; il ne s’agit que d’évacuer les sérosités trop abondantes, & de fortifier ensuite les fibres qui sont relâchées.

Si la molette provient de quelque compression, elle cesse quand on a levé l’obstacle ; si le tissu adipeux est gonflé & qu’il fasse compression, les atténuans, les apéritifs & les hydrologues décrits dans la cure de la molette visqueuse, y conviennent.

Si la molette est l’effet d’un boulet trop menu, trop petit, alors elle se trouve dans la classe des maladies incurables. M. BRA.


MOLUQUE ODORANTE, ou MÉLISSE DES MOLUQUES. (Voyez planche XV, page 559) Tournefort la place dans la seconde section de la quatrième classe des herbes à fleurs d’une seule pièce, irrégulière & en lèvre, dont la supérieure est creusée en cuiller, & il l’appelle molucella levis. Von Linné lui conserve la même dénomination, & la classe dans la didynamie gymnospermie.