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rend incapables de chasser avec vigueur les liquides, le sang circule lentement dans les artères, la sérosité s’en échappe avec trop de facilité, elle s’infiltre dans le tissu cellulaire, à mesure qu’elle s’y accumule, elle donne naissance à la molette simple ou à la molette soufflée,

3°. Dans les chevaux à qui on comprime, par une ligature quelconque, les vaisseaux sanguins qui se distribuent à l’extrémité inférieure du canon, le sang ne circulant plus avec facilité dans cet endroit, les veines articulaires & la musculaire sont forcées d’y laisser échapper une partie de la lymphe ou de la sérosité qu’elle contiennent ; c’est le tissu cellulaire qui reçoit ce liquide, il en distend les cellules & forme la molette.

4°. Dans les chevaux dont le volume des boulets est trop menu, trop petit, relativement à l’épaisseur de la jambe, ces sortes de boulets, sont la plûpart trop flexibles, & cette flexibilité est un indice presque certain de leur foiblesse ; cette partie ainsi conformée, les chevaux communément se lassent & se fatiguent dans le plus léger travail ; elle est bientôt gorgée, &, l’enflure dissipée, il y reste ou il y survient cette tumeur molle & indolente dans son principe, mais dure & sensible ensuite & par succession de tems, que nous avons nommée molette simple ou molette soufflée.

Diagnostic. On connoît que c’est la lymphe qui forme la molette, lorsqu’après un certain temps, l’impression du doigt reste dans la tumeur ; on conjecture au contraire, qu’elle est formée par la sérosité qui s’est extravasée dans le tissu cellulaire dès que le liquide épanché fait relever la tumeur quand on cesse de la comprimer.

Prognostic. La molette lymphatique & la séreuse, sont plus faciles à guérir au commencement, que lorsqu’elles sont invétérées. Ces liquides croupissant long-temps dans les cellules, deviennent si âcres qu’ils les rongent, ainsi que les tendons des muscles fléchisseurs du pied, les parties ligamenteuses de l’articulation du boulet, les vaisseaux qui s’y distribuent, &c. Les molécules les plus visqueuses de la lymphe, se rapprochent à mesure que la chaleur de la partie affectée dissipe ce qu’elle a de plus fluide ; enfin elle s’épaissit, se durcit, & forme des pierres plus ou moins volumineuses, qui gênent les mouvemens de flexion & d’extention de l’articulation du boulet.

La cure de la molette qui dépend de l’épaississement du sang & de la lymphe, demande des apéritifs & des purgatifs hydrologues. On prescrira donc les tisanes faites avec les racines de patience, d’aunée, de fenouil, d’asperges, de petit houx, de persil, de cerfeuil, avec l’orge. On fera avaler au cheval pendant quinze jours une livre ou deux, une heure avant ses repas. Il faut purger le cheval au commencement ou au milieu & à la fin de l’usage de ces tisanes, avec le jalap, le mercure doux, le turbith, la semence d’ieble, le sel de duobus pulvérisé, la gomme gutte & le syrop de nerprun. (Voyez Méthode purgative) Pendant l’usage de ces remèdes, on emploiera les topiques capables d’atténuer & de résoudre la lymphe visqueuse qui forme la molette, & de dessécher & fortifier les fibres trop relâchées. Pour cet effet on fomentera la partie avec