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un amas de lymphe ou de sérosité qui se manifeste au-dessus du boulet par une tumeur molle ; cette tumeur couvre tantôt la face postérieure du tendon du muscle sublime, tantôt les parties latérales des tendons des muscles sublime & profond. Lorsqu’elle paroît de chaque côté des tendons, on l’appelle molette soufflée ; lorsqu’elle est sur le tendon même, on la nomme molette simple, ou par corruption molette nerveuse.

Pour traiter la molette avec une certaine connoissance, il est utile d’avoir au moins une légère notion des parties qui forment l’extrémité inférieure du canon, près de son union avec le paturon.

La peau & le tissu cellulaire en sont les enveloppes générales. Le tissu cellulaire a des connexions intimes avec la peau qui le couvre ; avec les tendons des muscles fléchisseurs du pied, qui descendent le long de la face postérieure du canon entre les deux péronnés ; avec les deux parties ligamenteuses, qui de la partie postérieure & inférieure du canon, vont se joindre aux adhérences que les muscles extenseurs du pied contractent avec l’articulation du boulet, avec le prolongement de l’artère brachiale, dont le tronc rampe postérieurement le long du canon jusqu’au-dessus du boulet où il se bifurque, pour former les artères latérales qui donnent naissance aux articulaires, avec les divisions de la veine cubitale ; telles que les veines articulaires qui partent du boulet après en avoir entouré l’articulation ; telle que la veine musculaire qui part de ce même endroit & monte jusqu’auprès du genou en se perdant dans les muscles du canon, avec les filets nerveux qui émanent du nerf brachial interne ; ces filets donnent plusieurs rameaux aux muscles fléchisseurs du canon & du pied, & vont ensuite se perdre dans le boulet, dans le paturon, dans la couronne, &c. Le tissu cellulaire remplit encore exactement les interstices qui règnent entre toutes ces parties, l’humeur qui s’en sépare est reçue dans les cellules de ce tissu ; si la sécrétion est lymphatique ou séreuse, & si elle est trop abondante, elle distend les cellules qui la reçoivent, & forme la molette simple ou la molette soufflée.

La cause prochaine de la molette est une lymphe ou une sérosité arrêtée ou infiltrée dans le tissu cellulaire.

1°. Dans les chevaux qui ont le sang trop épais, le ressort des artères n’a pas assez de force pour le chasser en avant, il coule plus lentement, la lymphe a plus de temps pour s’extravaser ; elle passe plus abondamment dans le tissu cellulaire qui les enveloppe, elle le gonfle & le surcharge : or comme la lymphe participe du même caractère que le sang d’où elle sort, elle est conséquemment épaisse, gluante, visqueuse, propre à former des engorgemens, à se durcir & à se pétrifier. Les alimens & tout ce qui est capable d’épaissir le sang & de rendre le chyle crud & grossier, sont des causes éloignées de la molette qui se termine par l’endurcissement.

2°. Dans les chevaux qui ont le sang trop aqueux, la sérosité qu’il contient est trop abondante, celle-ci relâche les fibres des vaisseaux, elle leur fait perdre leur ressort, elle les