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mucilagineuse ; on la croit un peu dessiccative, adoucissante & détersive.

Usage. Dans le cas de disette on en fait du pain. On mange le panis mondé & cuit, dans du lait, dans du bouillon, ou dans de l’eau. Il sert à nourrir les oiseaux & la volaille.

Grand Millet Noir, ou Millet D’Afrique, ou Sorghum. Tournefort le nomme milium arundinaceum, sub rotundo semine nigrante, Sorgho nominatum, & le place parmi les millets qu’on vient de décrire. Von Linné l’appelle holius sorghum, & le classe dans la polygamie monoécie. Nous avons cru, afin d’éviter la confusion, devoir rapprocher ces trois espèces, à cause des noms françois qu’on leur donne.

Fleur. Sans pétales, à trois étamines, fleurs hermaphrodites & mâles sur le même pied ; les hermaphrodites composées d’une balle à deux valvules, qui renferme une seule fleur velue dans cette espèce. Dans la balle on trouve deux autres valvules velues, molles, plus petites que le calice, l’intérieur plus petit : on peut les considérer comme une corolle… Les fleurs mâles n’ont qu’une balle à deux valvules ; elles sont velues.

Fruits. Les fleurs mâles sont stériles ; chaque femelle porte une semence noire ou blanche, couverte par une espèce de corolle : la couleur ne constitue qu’une variété.

Feuilles. Simples, entières, pointues, évasées dans le bas, embrassant la tige par leur base en manière de gaîne, partant de chaque articulation.

Port. Tige ordinairement unique, haute de cinq à huit pieds, suivant la culture, cylindrique, articulée, droite, un peu penchée à son extrémité supérieure. Les fleurs naissent au sommet, disposées en grosses panicules rameuses. Le sorghum blanc est cultivé à Malte, sous le nom de carambosse.

Lieu. Cette plante est originaire des Indes, & elle est vivace.

Propriétés. La semence nourrit la volaille & le bétail ; les feuilles nourrissent également ces derniers, comme celle du maïs.

Millet d’Inde, ou Gros Millet. Voyez Maïs.

§. I. De la culture des deux premiers millets.

La première espèce est plus communément semée en pleine campagne, & la seconde dans les jardins ; cependant toutes deux peuvent l’être dans les champs ; elles aiment les sols légers, mais substantiels, & pourrissent dans ceux qui sont trop humides. On se contente, pour l’ordinaire, de donner un seul labour, ou deux au plus : mais ce n’est point assez lorsque la terre est un peu forte ; la plante ne réussit que lorsque la terre est bien préparée & bien émiettée. Cette dernière circonstance est essentielle dans tous les cas, autrement la semence qui est fine, seroit enfouie sous des motes de terre qu’elle ne pourroit pas traverser lors de sa germination.

Ces plantes, originaires des pays chauds, & annuelles, craignent les plus petites gelées. Le climat, la saison, indiquent donc l’époque à laquelle on doit les semer ; c’est-à-