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plante est réputée astringente & résolutive. Quelques auteurs l’ont vantée dans les hémorrhagies internes, pour déterger les ulcères des poumons & de la vessie ; dans la diarrhée & la dissenterie, pour expulser les graviers des reins & de la vessie ; les autres, au contraire, soutiennent que le succès est fort douteux.

Usage. On a qualifié cette plante du nom d’herbe au charpentier, parce que pilée & appliquée sur une plaie récente ou une coupure, elle facilite la réunion des lèvres & la cicatrice. Cette guérison n’est-elle pas purement mécanique ? On sçait qu’il suffit d’intercepter le contact de l’air extérieur à une plaie récente, pour qu’elle se cicatrise d’elle-même. La nature fait ensuite elle seule la cure, qu’on attribue mal-à-propos à la plante : une compresse imbibée d’eau pure auroit eu le même succès sur un homme sain. On prépare un syrop avec la mille-feuille, qui ne produit pas plus d’effets que le suc des feuilles, épuré & édulcoré avec du sucre.


MILLE-PERTUIS. (Voyez planche XIII, page 496) Tournefort l’appelle hypericum vulgare, & le place dans la quatrième section de la sixième classe des herbes à fleurs de plusieurs pièces, régulière, en rose, & dont le pistil devient un fruit divisé en cellules. Von Linné le nomme hypericum perforatum, & le classe dans la polyadelphie polyandrie.

Fleur. Composée de cinq pétales en rose. Chacun de ces pétales B est terminé par une pointe qui se dirige constamment de droite à gauche, ou de gauche à droite, en se rapprochant de la base. Les étamines sont rangées autour de l’ovaire, & partagées en trois faisceaux, comme on le voit distinctement dans la fleur qui termine la tige. Les anthères C sont testiculaires. D représente le pistil attaché au fond du calice qui est divisé en cinq segmens.

Fruit E. le pistil se change en un fruit composé de trois capsules. En G on voit le fruit coupé transversalement. Les semences F sont oblongues, luisantes, d’une odeur & d’une saveur résineuse.

Feuilles. Obtuses, sans pétioles, veinées, marquées de points brillans.

Racine A. Ligneuse, fibreuse, jaunâtre & dure.

Port. Tiges hautes d’une coudée & plus, nombreuses, ligneuses, roides, cylindriques, rougeâtres, branchues ; les fleurs au sommet des rameaux ; les feuilles opposées deux à deux ; elles paroissent percées de plusieurs trous : ce sont des glandes vésiculaires, semées sur les deux surfaces avec des points noirs, semblables à ceux qu’on observe sur les folioles du calice.

Lieu. Les prairies, le long des chemins ; la plante est vivace & fleurit en juin, juillet & août.

Propriété. La semence est d’une saveur amère & résineuse, celle des feuilles est un peu salée, styptique & légèrement amère ; les fleurs & les semences ont une odeur de résine : cette plante tient le premier rang parmi les vulnéraires ; elle est résolutive, diurétique & vermifuge.

Usage. On se sert, pour l’homme, des feuilles, des fleurs, des semences, des sommités fleuries, infusées ou bouillies dans du vin ou dans de l’eau, à la dose d’une poignée, & des semences à la dose de demi-once. Pour