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mes qui caractérisent la migraine & la céphalée, ou le mal de tête général, on peut dire qu’il n’y a personne, même parmi celles qui ne sont pas de l’art, qui méconnoisse la migraine, & qui ne la distingue de l’autre maladie.

La migraine en général est une maladie peu dangereuse ; il ne faut cependant pas la négliger, ni la perdre de vue. Il ne faut pas aussi trop la heurter par des applications & des remèdes peu convenables, elle pourroit avoir des suites très fâcheuses, dégénérer en inflammation, & exposer le malade au plus grand danger, ou déterminer certaines maladies de l’œil, & occasionner la perte de cet organe.

On doit être très-réservé pour différentes applications vulgaires qu’on n’oublie jamais de mettre en exécution, & qui pour l’ordinaire sont nuisibles.

Il faut, avant d’en venir aux remèdes, examiner avec attention, & tâcher de découvrir la véritable cause de la migraine, & agir en conséquence.

On combattra la migraine par cause putride des premières voies, avec des vomitifs & des purgatifs appropriés ; & si malgré l’usage de ces remèdes, elle persiste & reconnoît pour cause la foiblesse de l’estomac, on donnera des eaux ferrugineuses, les martiaux, quelques cuillerées d’élixir de garus, du cachou brut, ou prépaté à la violette, le rob de genièvre, de la rhubarbe, & autres différens stomachiques.

Si elle dépend de la suppression des règles, ou des hémorroïdes, ou de l’écoulement d’un cautère, il faut alors rétablir ces évacuations, soit par la saignée, soit par les sangsues, soit par le vésicatoire, pour suppléer à l’écoulement supprimé.

Si elle est occasionnée par la tension des nerfs, une irritation considérable, par un état spasmodique, & de raideur de tout le corps ; les bains domestiques, les bouillons frais, les remèdes anti-spasmodiques, tels que le camphre corrigé par le nitre, les narcotiques donnés à une dose modérée ; l’eau de fleurs de tilleul, une infusion de fleurs de camomille ou de menthe, le petit-lait, sont les remèdes recommandés en pareil cas.

Si ce sont des vers contenus dans l’estomac, qui lui donnent naissance, les huileux combinés avec la thériaque, l’eau de menthe, & les différentes poudres absorbantes, produiront à coup sûr les effets les plus salutaires.

La saignée du bras & du pied trouvera son emploi, lorsque la migraine reconnoîtra pour cause la plénitude du sang, &c.

Si le mal de tête ne cède point à ces remèdes, on appliquera sur la partie douloureuse, des compresses imbibées d’eau-de-vie de lavande, ou d’esprit-de vin camphré, ou un emplâtre d’opium.

On emploiera le quinquina dans la migraine périodique, sans néanmoins perdre de vue l’intensité de la douleur, & certaines autres circonstances qui peuvent être inséparables de la maladie.

Mais le cautère est le vrai spécifique des migraines invétérées. Gramt a guéri une demoiselle qui souffroit d’une migraine violente depuis beau-