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de la seconde année, lever les plants. Dans nos provinces du nord, ces semis demandent plus de soins, & peu-à-peu on y acclimatera cet arbre.

On compte plusieurs espèces de micocoulier. Celui de Virginie, celtis occidentalis, Lin., diffère du premier par son fruit d’un pourpre-foncé ; par les feuilles obliquement ovales, pointues, dentées en manière de scie : lorsqu’elles sont encore tendres, elles sont un peu cotonneuses ; dans leur état de perfection, leur forme est un ovale large, dentée en manière de scie, excepté à la base & au sommet. Cet arbre aime les terreins humides & gras, il s’élève très-haut, se couvre & se dépouille très-tard de ses feuilles.

Le micocoulier des Indes, celtis orientalis. Lin. Feuilles à crénelures très-fines, en forme de cœur, & velues en-dessous.


MIEL.

Plan du Travail.


Sect. I. De l’origine du miel, & sur quelles plantes les abeilles vont le recueillir.
Sect. II. Comment l’abeille fait la récolte du miel.
Sect. III. Comment le miel est-il contenu dans les alvéoles ou cellules ?
Sect. IV. De la manière d’extraire le miel des gâteaux.
Sect. V. Des différentes qualités du miel.
Sect. VI. Des différens usages auxquels le miel est employé.


Section Première.

De l’origine du miel, & sur quelles plantes les abeilles vont le recueillir.


Virgile, dans son quatrième livre des Géorgiques sur les abeilles, chante le miel en très-beaux vers, comme une rosée céleste, & un présent des cieux. Aristote, avant lui, avoit pensé de même, & Pline n’a pas eu un sentiment différent du leur, puisqu’il dit qu’il est une émanation des astres, ou les exhalaisons de l’atmosphère, dont l’air se défait. Si le miel étoit cette rosée qui tombe sur les plantes, les abeilles auroient peu de voyages à faire pour ramasser leurs provisions qu’elles trouveroient par-tout ; il faudroit qu’elles fussent encore plus diligentes, quoiqu’elles le soient infiniment, afin de prévenir le soleil, dont les premiers rayons ont bientôt desséché ces petites gouttes d’une eau très-claire, qui paraissent sur les plantes, avant qu’il ait donné dessus. Les fleurs, dont le calice est souvent incliné, ou perpendiculaire, ne participeroient point à l’abondance, & celles qui sont à couvert n’y auroient absolument aucune part ; celles dont le calice, ou la coupe est bien évasée & large, en recevroient davantage que celles qui n’ont qu’une coupe fort étroite & très-resserrée.

Cependant, il est très-certain, & toutes les personnes qui élèvent des abeilles peuvent l’observer, que ces insectes n’entreprennent jamais leurs voyages qu’après le lever du soleil, & que le fort de leurs sorties est toujours lorsqu’il est depuis quelque temps sur l’horizon, & qu’il commence à faire très-chaud. : alors il n’y a plus de rosée ; si elles vont sur les plantes avant que le soleil l’ait attirée, c’est plutôt pour s’en abreuver que pour recueillir le miel qui seroit encore trop mêlé avec elle. Quoique le temps soit couvert, & qu’il n’y ait point de rosée, les abeilles sortent comme à leur ordi-