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en étoit le promoteur, elles seroient bientôt désertes, & la maladie deviendroit endémique dans les hôpitaux ; ceux qui traitent les malades vénériens, cancéreux, galeux, n’y prennent pas le germe de ces maladies, quoiqu’ils y respirent le même air qui est rendu plus impur encore par la transpiration des malades ; mais si ces virus touchent & sont portés sur la plus légère égratignure du garçon chirurgien, cette petite plaie devient vénérienne, cancéreuse, &c. & galeuse, s’il manie & touche sans précaution la main d’un galeux ; le contact seul, soit des vêtemens, soit de la peau, est susceptible de communiquer les maladies dont on parle. Il y a plus ; on avoit pratiqué dans une même grande chambre, une double séparation, avec des planches criblées de trous faits avec une petite vrille, & on avoit laissé un pied de distance entre chaque séparation. D’un côté, douze enfans chargés de petite vérole furent placés, & de l’autre, douze enfans du même âge, qui ne l’avoient pas eue : aucun de ces derniers n’en fut attaqué, quoiqu’ils fussent certainement dans le même bain d’air que les premiers : ils ne pouvoient ni communiquer ni se toucher en aucune manière. Voilà quel fut le vrai, le seul & l’unique préservatif. Il seroit absurde de dire qu’aucun de ces enfans ne devoit avoir la petite vérole, parce que plusieurs personnes ne l’ont jamais ; ce nombre est peu considérable, & quand il le seroit davantage, comment supposer qu’on eût été assez habile, ou que le hasard eût procuré douze sujets de cette classe si peu nombreuse ? Ce seroit, en vérité, pousser bien loin le septicisme !

Il faut cependant convenir que dans les mines, dans les hôpitaux, dans les salles de spectacle ; dans les vaisseaux, &c., l’air est plus ou moins méphitique, (Voyez Méphitisme & Air fixe) & que les personnes qui le respirent pendant longtemps, sont attaquées de maladies de langueurs, ou meurent subitement, s’il est trop méphitique. La raison en est simple ; c’est qu’il n’est pas assez renouvellé, & parce que l’air fixe méphitise essentiellement l’air athmosphérique. Mais faites changer d’air aux malades, ils sont aussitôt remis.

Le nombre & l’étendue des étangs, sur-tout ceux de mer qui reçoivent de l’eau douce, exhalent, en proportion, des miasmes dangereux pendant l’été, & portent le germe de l’insalubrité dans tous les lieux de la circonférence, suivant la direction des vents. Mais ces courans d’air ne procurent ni la peste, ni la petite vérole, ni la maladie vénérienne, ni la gale, ni le scorbut, ni le charbon ; il en résulte une fièvre tierce ou quarte, purement & simplement symptomatique, & qui, peut-être, est souvent renouvelée par les habits portés pendant la fièvre de l’année précédente, & qui n’ont pas été rigoureusement lavés. J’admets cette dernière assertion comme purement hypothétique, & je dis qu’il n’y a aucune proportion entre les miasmes d’une ville pestiférée, & ceux qui s’élèvent des marais, des étangs, où le foyer de la putridité & du méphitisme est immense & sans cesse existant, & où enfin il se dé-