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bétail en proportion, sur-tout dans les provinces à grains.

3°. Il faut payer moins de valets. C’est précisément sur ce que l’on n’en paye pas assez que je me récrie. Mais dans les pays où l’on ne bat pas en grange pendant l’hiver, & où la saison des pluies ou des gelées est longue ; enfin, où il pleut souvent pendant l’été, que fait le nombre des valets ? Il consomme, ne travaille pas, & l’ouvrage est arriéré.

Les assertions que j’établis dans le n°. ci-dessus, & dans celui-ci, s’appliquent, dira-t-on, aux petites métairies comme aux grandes. Cela est vrai à la rigueur. Mais une observation constante & régulière m’a prouvé, non pas une fois, mais cent, que le travail est toujours plus avancé dans les petites que dans les grandes, abstraction faite de la supposition d’après laquelle on prétend que ces dernières exigent plus de valets que la première. Ici, il n’y a ni demi, ni quart de journée, susceptible de travail, qu’on ne puisse mettre à profit. Là, l’éloignement des lieux est cause que le temps le plus clair de la journée est perdu en allées & en venues. Ainsi, en supposant demi-heure ou trois quarts d’heure dans la matinée, & autant dans la soirée, & mettant bout à bout ces heures perdues, il sera facile de calculer combien il y aura dans l’année de beaux jours perdus. Le bénéfice est donc au moins de la moitié dans les petites métairies. On dira que les valets, dans les grandes terres, partiront plus matin, & reviendront plus tard. Supposition gratuite, démentie par l’expérience de tous les jours & de tous les lieux. Ils ont une heure fixée pour le départ de l’écurie, & c’est celle à laquelle ils sont on ne peut moins exacts si on n’y veille de très-près. Une chose ou une autre sert de prétexte ; mais je ne connois pas de pendule qui indique plus exactement le retour des champs que leur habitude ; passe encore, s’ils ne la devancent pas ; mais à coup sûr, ils ne travailleront pas une minute de plus. En allant au travail, leurs bêtes marchent à pas comptés ; au retour, la marche est bien autrement accélérée.

Si, dans une grande métairie on a moins de valets, de bestiaux, de harnois à entretenir, &c. on a donc moins de travail fait ! Cependant le grand point de l’agriculture est d’avoir beaucoup de travail fait & bien fait ; enfin, d’être en avance, & de ne pas craindre d’être arriéré par le dérangement des saisons ; on n’a pas toujours à son choix le moment de semer, & il arrive huit fois au moins sur dix, que le produit des semailles tardives est au-dessous du médiocre.

4°. L’entretien des bâtimens, &c. Cet article est vrai dans toute son étendue ; mais les deux propriétaires supposés, sont censés avoir compté les réparations journalières dans le calcul de leurs dépenses ; & à moins qu’il ne s’agisse de réparations majeures, le bénéfice excédent des deux petites métairies sur une grande, est bien au-dessus des proportions des réparations journalières. Au surplus, ces réparations sont très-peu de chose, si le propriétaire le veut. Une tuile est dérangée, la pluie survient, la maîtresse poutre pourrit, le toît tombe, il entraîne les murs qui le portoient, & tout le dégât eût cependant été prévenu par le simple remplacement d’une tuile.