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dant l’hiver, mais le mieux c’est à la fin de l’hiver.

Décembre.

On ne tailloit autrefois les poiriers & les pommiers qu’en février, comme le pêcher après les fortes gelées ; on les taille à présent aussi-tôt que les feuilles sont tombées ; il est rare que la gelée soit assez forte en ce climat pour les endommager. Quelques curieux cependant qui n’ont pas beaucoup d’ouvrage, attendent encore à tailler en février, sur-tout les jeunes arbres, afin d’être hors de tout risque que la gelée ne fasse des gersures, & n’endommage l’œil à l’extrémité des branches taillées. Les poiriers de rousselet de Rheims paroissent les plus tendres à la gelée ; mais on taille à présent, pour avancer l’ouvrage, quand on en a beaucoup. Il est bon de réserver à tailler en février ceux de ces arbres dont on veut tirer des greffes, parce qu’en restant alors moins de temps dans la cave, selon notre méthode, elles se conservent plus facilement jusqu’à la fin d’avril. On palisse à mesure qu’on taille.

Des agriculteurs modernes pensent qu’on peut tailler la vigne aussi quand la feuille est tombée ; en conséquence quelques personnes plantent en même temps les crossetes, à mesure qu’elles taillent ; mais d’autres, & tous nos vignerons, attendent à la fin de février ou le commencement de mars pour l’une ou l’autre opération. La vigne taillée en ce temps-ci pousse plutôt au printemps, & se trouve conséquemment plus exposée à la gelée ; au lieu que la taille en février ou mars, en prenant garde que la sève ne soit pas encore en mouvement, & qu’elle ne coule pas par la coupe qu’on fait au sarment, par où elle perdroit beaucoup si la sève étoit encore long-temps en activité. La taille de mars retarde la pousse de la bourre ; elle court moins de risque. L’une & l’autre méthode peuvent réussir, selon les années & la saison du printemps plus ou moins froide ; mais la taille de février ou mars nous a paru la plus sûre & la meilleure aussi pour planter.[1]

Dans les climats froids on fait bien d’attacher les figuiers près des murs, afin de les couvrir de paillassons ou de litière, de fougère ou de cosses de pois, qu’on arrête dessus avec des perches & des osiers, pour les garantir de la gelée.

Quand les figuiers sont adossés à des bâtimens assez élevés pour les mettre à l’abri, ils n’ont besoin ordinairement d’aucune précaution ; ce n’est que dans les hivers très-rigoureux qu’ils sont sujets à geler. Les figuiers se trouvent-ils éloignés des abris, on les couche dans la terre.

À mesure que les arbres sont taillés, on leur ote la mousse facilement dans les temps humides ; il est plus avantageux d’attendre la fin de l’hiver. L’instrument le plus commode pour abattre la mousse dans toutes les branches, est le sarclet des maraîchers, avec lequel ils nettoient l’herbe des planches d’oignons.

En enlevant avec le même instrument les écorces galeuses & chancreuses, on détruit la retraite d’une infinité d’insectes.

  1. Consultez le mot Vigne, où cette question sera discutée.